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ma revue de presse journalière
14 juin 2020

TRES INTERESSANT =

Acte 83, l’Etat macronien se liquéfie

  

Les policiers défient Macron sur les Champs Elysées 

Quand il n’y a plus d’Etat, le chaos et la confusion règne à tous les étages. Le 12 juin les policiers descendaient dans la rue pour dénoncer les louvoiements de Macron et Castaner au sujet de leurs violences. En effet, après avoir encouragé les policiers à se comporter comme des racailles aux frontières de la loi, voici maintenant que Macron demande à ses ministres de serrer les boulons et de réprimer la violence des policiers, violence des policiers qui, disait-il, n’existe pas. Mais voilà qu’à l’occasion des manifestations communautaires des organisations noires, il découvre que ça existe. Quoi qu’on pense des policiers, et personnellement je n’en pense pas de bien, il y a de quoi en perdre son latin. Ils ont jeté leurs menottes, menacer de poser le bouclier. Puis ils ont défilé sur les Champs Elysées. Cette manifestation surprise n’avait pas été déclarée. Mais que fait Lallement ? On se le demande. Il eut été assez drôle de voir des flics réprimer d’autres flics. Tout le monde comprend que les manifestations de la communauté noire en France – remarquablement bien organisées au demeurant – prennent l’assassinat de George Floyd comme prétexte pour parler d’Adama Traoré et finalement obtenir des avantages pour leurs associations. Sauf Macron qui bien que ministre, depuis 2014, croit au racisme d’Etat en France. Les flics sont très remontés contre Castaner. En vérité ils ne devraient pas s’en prendre à lui, non pas qu’il soit innocent, mais parce qu’au-dessus de lui il y a Philippe et Macron qui définissent la doctrine. Macron l’a rappelé clairement[1]. Il n’est pas conséquent de demander la démission de Castaner, il vaut mieux frapper au-dessus, celui qui engendre le chaos permanent en France c’est tout de même Macron. 

Le 13 juin, les associations communautaires africaines manifestent à Paris 

L’incohérence de ce gouvernement à bout de souffle, à bout de tout, c’est d’interdire toutes les manifestations des Gilets jaunes, mais de tolérer les manifestations aussi bien des sans papiers que des associations africaines. S’il y a une discrimination, c’est bien ici qu’on va le trouver : les Gilets jaunes, comme les soignants, n’ont pas le droit de manifester sous peine de se faire gazer, mais les sans-papiers et les Africains oui. On voudrait déclencher une guerre civile qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Cette manifestation parisienne de la communauté noire a déclenché les protestations des identitaires qui sont arrivés à accrocher une banderole géante sur les toits d’un immeuble pour dénoncer le racisme anti-blanc. A cette occasion d’ailleurs on a entendu des manifestants crier « Sales Juifs »[2]. Ce qui est certainement du racisme. Notez que dans la manifestation il y avait aussi des drapeaux palestiniens.  Mais les théoriciens du privilège blanc ont décidé que les noirs comme les musulmans ne pouvaient pas être racistes par principe. On voit que ce qui se dessine est un affrontement entre communautés. Les Gilets perdent leur temps à se retrouver dans ce combat obscur. On doit se souvenir que le mouvement des Gilets jaunes désigné comme fasciste par principe n’a jamais reçu d’aide du peuple des banlieues qui ne s’intéresse à la violence de la police que si elle touche leur communauté et que s’ils peuvent faire avancer leurs revendications. Voir maintenant les Gilets jaunes se mettre à la disposition d’un mouvement communautariste qui n’en a rien à faire des luttes sociales nous fend le cœur. Dans cette manifestation finalement très politique on pouvait voir Mélenchon entouré de Coquerel et Obono, réclamer que la police change ses méthodes. Le leader de la France Insoumise semble vouloir perdre la totalité de son acquis de 2017 en se mettant une fois de plus derrière un mouvement qu’il ne contrôle pas au motif d’un antiracisme des plus primaires. On se souvient de sa participation malencontreuse en novembre 2019 à une manifestation organisée par les Frères musulmans au motif fumeux de lutter contre l’islamophobie[3]. Déjà on entendait des cris de haine contre les Juifs. Mais ce douloureux épisode ne semble pas l’avoir guéri, le 16 juin il soutenait concrètement une manifestation communautariste. Dans son cas on peut clairement parler de sabordage. Chaque fois que Mélenchon se trouve dans une manifestation communautariste, celle-ci retentit de cris de haine contre les Juifs. Dans une manifestation contre le racisme, c’est plutôt choquant, sans même parler des slogans écrits en anglais, Black lives matter ou No justice, no peace. 

 

Identitaires accrochant une banderole pour dénoncer le racisme anti-blanc 

Derrière Assa Traoré, on trouve Amalmy Kanoute, celui-là est un spécialiste de la création des associations, il a créé entre autres la Brigade anti-négrophobie sur le modèle de la lutte contre l’islamophobie. Il a tenu aussi un petit rôle dans Les misérables le film de Ladj Ly qui a tant plu à Macron. C’est lui qui aide Assa Traoré a faire son trou dans le système médiatique. Sur tous les fronts, il est également conseiller municipal de Fresnes. Il a fondé son propre parti, Emergence, pour se présenter aux élections législatives de 2017, mais sans succès. Mais ce qu’on sait moins, c’est qu’il est très proche pour ne pas dire plus des milieux salafistes. Il multiplie les actions en faveur d’un communautarisme où se mêle l’antiracisme et la défense de l’Islam. C’est un politicien professionnel qui sait qu’en démultipliant les associations politiques et culturelles, il arrivera bien à s’imposer comme interlocuteur des pouvoirs publics. La manifestation du 13 juin, toléré par les macroniens qui ne savent plus du tout où ils habitent, est là pour mobiliser les forces en présence. Peu importe si toutes ces associations sont trop nombreuses pour se partager le maigre fromage qu’on leur donnera. Ils sont suffisamment forts pour faire peur à Macron et le culpabiliser. Cette mobilisation sans précédent montre clairement que Paris est directement sous la menace du peuple des banlieues qui a déjà fait sécession et réclame un statut à part au cœur de la République. C’est un peu le pendant des territoires perdus de la République. 

 

Assa Traoré et Almamy Kanoute 

Tandis que le préfet de Haute-Garonne comme à son habitude prenait un arrêté pour interdire la manifestation des Gilets jaunes, on apprenait que la démonstration de force des associations africaines était tolérée à Paris[4] ! Castaner et Lallement ont été incapables de gérer cette manifestation qui a rapidement dégénéré, avec des tirs de mortiers et des jets de pierres. Les policiers qui manifestement avaient très peur, sachant que les noirs des banlieues sont autrement plus violents que les Gilets jaunes, ont riposté avec des lacrymogènes, évitant le plus possible les affrontements corps à corps. On peut se demander ce que cherchent Macron et ses ministres en laissant se développer une nouvelle fois des affrontements dans Paris. On sent bien qu’il n’y a plus de pilote dans l’avion. Ce nouvel épisode de l’incompétence macronienne va fragiliser le pouvoir encore plus. Certes il y a un bénéfice immédiat pour Macron : c’est que son attitude attise les affrontements intercommunautaires. Cette manifestation en effet brise peut-être définitivement ce que les Gilets jaunes avaient réussi à faire : unir le peuple par-delà les partis et les syndicats. Certes ceux qui ont manifesté le 13 mai place de la République sont très différents des Gilets jaunes, et probablement ils ne sont pas concernés par le combat social. Mais on a vu tout de même quelques Gilets jaunes égarés se joindre à cette fantaisie. Mais au bout du compte qu’est-ce qu’on retiendra ? D’abord que depuis que Macron a été malencontreusement élu, il ne se passe pas une semaine sans manifestation plus ou moins violente. Après avoir mis tout le monde dans la rue, son pouvoir apparait tellement faible que les associations africaines pensent pouvoir jouer sur cette faiblesse pour faire avancer leurs petites affaires, et cela d’autant que l’exécutif a désavoué sa police qu’auparavant il portait aux nues. Cette prise de position est très dangereuse, parce qu’elle va empêcher Macron de s’allier avec la droite traditionnelle qui réclame de l’ordre. Et dans ces conditions l’élimination de Macron au premier tour devient de plus en plus probable, avec pour finir une alliance Marina Le Pen – Les Républicains pour contrer un candidat de gauche. Il est par ailleurs complètement exclu que des électeurs de gauche puisse le sauver. De plus en plus il se murmure que Philippe, l’homme à la barbe mitée, a un profil de présidentiable. C’est du moins ce que nous disent les éditorialistes des magazines des milliardaires. Mais s’ils l’affirment ce n’est pas parce qu’ils ont été éblouis par les performances de Philippe dans la gestion du coronavirus ou la gestion de la rue, c’est parce qu’on leur a dit de le dire, Ce qui signifie que l’oligarchie se pose la question du remplacement du président-fou par quelqu’un de plus présentable et de moins clivant comme on dit. 

 

Manifestation anti-raciste, Paris, 13 juin 

Mais tout cela nous ferait presqu’oublier que le 13 juin c’était aussi l’acte LXXXIII des Gilets jaunes et malgré le tintamarre des manifestations antiracistes, il y avait encore des manifestations de Gilets jaunes un peu partout en France, comme on peut le voir ci-dessous à Amiens. Mais évidemment les chaines d’information en continu n’en parleront pas, laissant croire que le mouvement est mort et enterré. Personnellement je pense que Macron va nous aider à relancer le mouvement puisqu’on lui prête le projet de relancer la réforme des retraites qu’il avait mise en sommeil pour cause de confinement. Le 16 juin les choses sérieuses vont commencer, et les soignants vont apparaitre comme le fer de lance du renouveau du mouvement social : les Gilets jaunes seront là ! 

 

Amiens 13 juin 2020

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