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ma revue de presse journalière
19 décembre 2019

INSTRUCTIF = (voir les photos de cet article en cliquant sur Accueil )

La manifestation du 17 décembre est un franc succès

 

Dès lundi les routiers bloquaient les autoroutes 

La démonstration de force de Macron et de Philippe est en train de tourner à la défaite. Dès lundi 16 décembre, en apéritif, la grève continuait à la SNCF et à la RATP, et les routiers avaient commencé à mettre en place des blocages sérieux sur les axes autoroutiers. A cela s’ajoutait la continuation des blocages des raffineries – 7 sur 8 ne fonctionnent plus, et une autre est en feu – et le blocage des ports qui continuait à Marseille notamment. Pire encore alors que Philippe et Laurent Berger demandant aux syndicats d’arrêter la grève pour la Noël, espérant ainsi jouer l’opinion contre les manifestants et les grévistes, les sondages montraient que l’opinion publique en France soutient très majoritairement le mouvement. Pire encore, ce soutien est en hausse malgré les longs jours de galère que subissent mes usagers, particulièrement dans la région parisienne. Un sondage Ifop publié dans le Journal du dimanche montre qu’entre le 1er décembre et le 15 décembre, le soutient à la grève et aux manifestations contre la réforme des retraites a bondi de 8 points de pourcentage[1]. La canaille macronienne qui prend ouvertement les Français pour des imbéciles espéraient que les difficultés qu’ils rencontreraient dans leurs déplacements les amèneraient à critiquer le mouvement social. Mais non, ils ont compris à l’inverse que c’était la malveillance de l’exécutif, sa volonté de détruire la protection sociale pour appauvrir un peu plus les pauvres et mettre en place des fonds de pension, qui était à l’origine de ces tracas. 

 

La raffinerie Total de Gonfreville est en feu 

Ce même lundi, un des premiers fusibles de Macron a sauté. Delevoye, l’homme de paille du capitalisme financier tendance assurances, a été contraint à la démission. Les révélations sur son affairisme, sur la dissimulation sur l’origine de ses revenus l’ont poussé vers la sortie. Il avait déclaré seulement 3 mandats et en avait oublié 10 autres ! Mais pire encore, on apprenait toujours ce lundi qu’il y avait encore un autre quatorzième mandat qu’il n’avait pas déclaré pour un salaire de plus de 6000 € par mois en tant que président du CESE[2] ! Ce cumulard qui, dans les derniers temps de son poste de haut-commissaire à la retraite, cumulait entre 12 000 et 15 000 € de retraites avec son salaire de 10 000 € en tant que haut-commissaire, avait beau jeu de demander aux générations à venir de se serrer la ceinture. Cette première démission est en quelque sorte la part du feu que s’autorise Macron. Mais l’ennui est que ce n’est qu’un fusil à un coup. Il doit maintenant chercher un remplaçant qui sera accepter par les syndicats. On a vu Laurent Berger qui veut toujours se présenter comme le sauveur du néolibéralisme en France, se porter au secours de Macron en demandant une trêve pour la Noël. Berger sait pertinemment qu’une trêve à Noël amorcerait une démobilisation contre la réforme. C’est évidemment une trahison, mais on connait le personnage depuis très longtemps. Il fera tout ce qu’il peut pour briser le front syndical que les salariés souhaitent[3]. Il a fait mine de rejoindre le mouvement essentiellement poussé par sa base. Il a réclamé, en mimant la colère, pour se désolidariser le plus rapidement possible, qu’on enlève la question de l’âge pivot. C’est, je vous l’annonce ici, ce que Macron fera et Berger demandera à ses troupes de rentrer à la maison. Mais l’arbre de l’âge pivot cache la forêt de la réforme à points. Plus que l’âge pivot c’est bien la réforme à points qui conduit à la baisse radicale des retraites. On a sorti le cas de la Suède, où les pensions ont baissé notamment du fait de la prise en compte de l’espérance de vie dans le calcul du point[4]. Laurent Berger dans le rôle du traitre de comédie continuait son répugnant travail en rencontrant des députés LREM, sans doute pour rendre des comptes sur l’avancée de la démobilisation qu’il prône presqu’ouvertement[5]. Il veut se rendre indispensable et espère sans doute des compensations. Si on met entre parenthèses la poussée de fièvre de 1968, la CFDT a toujours été un syndicat jaune visant au nom de l’efficacité la braderie des droits des travailleurs. Laurent Berger admet au nom des nécessités d’équilibrer les dépenses et les recettes qu’il faille rallonger sans cesse l’âge de départ à la retraite, rompant ainsi avec la longue histoire du mouvement social français qui supposait que la hausse de la productivité du travail devait se traduire forcément par une baisse des durées travaillées. Il fait semblant de ne pas voir que les sommes données au patronat sous la forme du CICE par exemple – 20 milliards d’euros par an tout de même – suffirait amplement et même au-delà à conserver le système actuel en vie pendant des décennies. Laurent Berger qui semblait se réveiller un peu d’un long coma, avançait que l’on pouvait très bien envisager une hausse des cotisations sur les salaires, car celles-ci ont beaucoup baisser, justement avec le CICE. Mais Darmanin a opposé une fin de non-recevoir car « ce serait tuer l’économie »[6]. C’est toujours l’argument ultime de la droite réactionnaire façon XIXème siècle, dès que tu oses réclamer un meilleur partage des gains de productivité en faveur des salariés, tu es soupçonné de tuer l’économie. Toute hausse des salaires, toute baisse des durées travaillées tue l’économie. Sauf que cette idée est fausse puisque si on baisse les salaires et les pensions de retraites qui sont alimentées par les salaires, les consommateurs consomment moins, et l’économie est en panne. Je rappelle que depuis au moins 2008, nous sommes en crise de demande. 

 

Lundi 16 décembre, Delevoye annonce qu’il démissionne 

Dans Le monde a eu lieu un étrange débat : la semaine dernière, le 9 décembre, quatre économistes de droite européiste, très néo-libéraux, Aghion, Pisani-Ferry, Bozio et Martin avaient critiquer la méthode de Macron[7]. Bien qu’ils insistassent sur le fait que les fonds de retraites étaient stabilisés et que les dépensent de retraites n’augmentaient plus dans le PIB, ils soutenaient par contre la réforme pour mettre en place une retraite par points. Cette semaine quatre autre économistes Jean-Marie Harribey, Pierre Khalfa, Christiane Marty et Jacques, Rigaudiat, soulignaient dans une nouvelle tribune au Monde que c’était bien l’idée d’une retraite par points qui posait problème[8], je veux dire qui conduit à l’appauvrissement, comme une première étape de la destruction d’un système de retraite par répartition. La question de l’âge pivot n’a rien à voir là-dedans, car non seulement le point peut être orienté à la baisse, simplement en ne prenant pas en compte les effets de l’inflation, mais en outre remplacer celui-ci par l’idée d’une retraite complète après 44 ans de travail à temps plein revient à repousser l’âge de la retraite, âge pivot ou non, bien au-delà des 62 ans. Les jours ont passé, et si au début la réforme des retraites pouvait sembler juste pour certain, parce qu’on mettait en avant les régimes spéciaux, cette fable est maintenant clairement identifiée pour ce qu’elle est. En attendant, le système des retraites par répartition commence à être démantelé par le haut. Les hauts cadres, ceux qui gagnent plus de 120 000 € par an, verrons leurs cotisations pour la retraite divisée par 9 ! ce qui veut dire qu’il y aura un manque à gagner de près de 3 milliards d’euros par an par rapport au système actuel. Evidemment, on les trouvera facilement du côté des fonds de pension. Comme on le voit, une des conséquences de la réforme pourrie de Macron, ce sera de rompre la solidarité entre les différents échelons des salariés : les plus riches se concocterons une retraite bien à eux sans que les pauvres y fourrent leur nez[9]. Alors qu’en France Macron tente d’imposer la retraite par points et subrepticement les fonds de pension, aux Etats-Unis c’est l’inverse, on s’inquiète d’une sous-capitalisation des retraites, alors même que les cours de la bourse sont au plus haut. Il manquerait aux Etats-Unis 560 milliards de dollars, et en Allemagne 120 milliards d’euros, une paille[10]. Comme en 2008, les fonds de pension sont virtuellement en faillite, et c’est à ce moment là qu’on veut nous les imposer ! D’ici qu’on s’imagine que les fonds de pension américains visent à s’implanter en France pour combler leurs déficits, il n’y a pas loin. 

 

Blocage d’Arcelor Mittal par la CGT 

Parallèlement à ces manœuvres répugnantes, la colère populaire ne désarme pas et gagne de nouveau secteurs : la CGT bloquait depuis le 16 décembre l’usine d’Arcelor Mittal à Dunkerque. Tout le monde sait que pour faire reculer Macron une journée de grève ne suffira pas. Il faut être plus offensif dans cette guerre sociale. Le dépôt de Fos sur mer a annoncé une grève illimitée à partir du 17 décembre. Enfin c’est la CGT qui a annoncé la grève illimitée, la CFDT a déposé seulement un préavis de grève pour une journée ! Courageux mais pas très téméraires les cédétistes, ils ne veulent surtout pas embêter. 

 

Les Gilets jaunes étaient aux avant-postes de la manifestation 

Des raisons de crier son ras-le-bol aux réformes de Macron, il y en a tellement qu’il faudrait écrire un livre sur cette question. C’est pourquoi à la question des retraites s’étaient joints aussi les urgentistes qui au-delà cherchaient encore à attirer l’attention sur la dégradation de leurs conditions de travail. Les grèves mobilisaient encore un peu plus à la SNCF et ailleurs. C’est donc dans toute la France qu’on a manifesté le 17 décembre. Il y avait très longtemps, depuis 1995 en fait, qu’on n’avait pas vu une telle mobilisation. Sans doute la démission de Delevoye a-t-elle encouragé les manifestants. Je signale par parenthèse que la démission de Delevoye est la seizième depuis 2017, c’est ce qui donne une allure de fin de règne d’un pouvoir corrompu et affairiste auquel personne – sauf les très riches bien entendu – n’accorde plus sa confiance. Mais les manifestants se méfient tout autant de la fourbe CFDT. A Marseille on les avait relégués à l’arrière, et on marquait une séparation d’une centaine de mètres avec les autres syndicats. Patrick Rossi, le représentant de ce syndicat jaune pour la section transport des Bouches-du-Rhône, avouait bien naïvement que depuis le début les cédétistes voulaient se joindre aux manifestations, mais leur bureaucratie les en empêchait. Cyril Jouan, secrétaire CFDT 13, reconnaissait lui aussi que la base du syndicat ne comprenait pas trop les atermoiements de Laurent Berger. En clair on comprenait que c’est contraint et forcé que celui-ci avait donné son feu vert à la manifestation d’aujourd’hui. Mais les cédétistes devraient se posaient cette question : pourquoi à chaque lutte sociale importante on trouve toujours les hiérarques de ce syndicat du côté du gouvernement, en 1995 c’était Notat qui sous les crachats faisait tout pour que Juppé puisse faire passer sa réforme, aujourd’hui c’est Berger, même s’il barguigne sur la question de l’âge pivot. Déjà que les autres syndicats sont très mous, la CFDT apparait maintenant comme le relais direct du MEDEF. Mais enfin on suppose que de nombreux cédétistes sont conscients de ces choses-là et qu’ils feront quelque chose, soit virer Berger, soit se barrer de ce syndicat moisi. Dans l’Ouest, Nantes, Angers, Rennes, les manifestations étaient aussi bien plus fournies que le 10 décembre dernier. Dans le Sud Est aussi, en Avignon ils étaient 14 000 à défiler contre Macron. 

 

La manifestation de Marseille a rassemblé 200 000 personnes

La manifestation du 17 décembre a été un très grand succès. Supérieur à la mobilisation du 10 décembre. Il est probable qu’on ait approché les 2 millions, 1,8 millions selon la CGT, soit un chiffre équivalent à celui de 1995 contre la réforme Juppé. Je passe volontiers sur les mensonges réguliers et débiles de Castaner qui lui n’aurait compté que 615 000 manifestants dans toute la France. En vérité il était certain que le gouvernement, avant même la manifestation allait sortir un chiffre inférieur à 800 000. Peut-être même que le communiqué a été écrit hier soir. Le stupide pigiste du Monde répétait avec entrain la fable de Castaner : la mobilisation était plus faible que le 5 décembre ! Entre les chiffres de Castaner et ceux de la CGT, Le monde choisit toujours de mettre en avant et en gras les chiffres de Castaner-le-menteur, et en tout petit ceux de la CGT. En même temps que le ministre se déconsidère encore un peu plus, Le monde suit le même chemin. Pour les sources sûres, nous savons qu’à Marseille il y avait un cortège beaucoup plus fourni que le 5 décembre, à Angers aussi. Notez qu’il y avait 80 manifestations sur toute la France, et que Castaner avouait qu’à Paris le nombre de manifestants était supérieur à celui du 5 décembre. Et d’ailleurs on voit mal comment avec l’appoint de la CFDT il pourrait en être autrement, à moins de penser que la CFDT ne compte pour rien ! A Nancy les cédétistes avaient fait bande à part. A Marseille, on les avait relégués en fin de cortège, mais ils étaient plusieurs centaines tout de même. Les syndicalistes de la CFDT vont avoir du mal à se remettre d’être traités comme des pestiférés, une courroie de transmission du pouvoir. Sur Toulouse les services du ministre avaient carrément divisé le chiffre de la CGT par 10. On passait allègrement de 120 000 à 12 000. Ces chiffres sont une arme pour faire douter l’opinion, mais Macron et toute sa racaille sait très bien que la mobilisation a été massive. Le site France Police donnait quant à lui le chiffre d’un million de manifestants, bien au-dessus des estimations fantaisistes de Castaner. 

 

A Marseille les cédétistes étaient en queue de peloton 

Cet immense succès va sans doute doper les opposants à la réforme de Macron.  Philippe va certainement proposer quelque chose. Mais les prochaines négociations von trainer en longueur, d’abord parce qu’il n’y a plus de haut-commissaire aux retraites, ensuite parce que si on voit venir le coup d’un abandon de l’âge pivot, avec la complicité de Laurent Berger, il est clair qu’entre temps les opposants ont compris que cette question, c’est bien l’arbre qui cache la forêt. La provocation de Philippe avait exactement ce but : se donner une possibilité de produire un pseudo recul tout en gardant l’essentiel : l’abaissement du niveau des pensions et la possibilité de substituer partiellement des fonds de pension à un système par répartition. Reste à savoir si les manifestants seront dupes, ou s’ils seront assez patients pour continuer jusqu’au retrait d’une réforme que même la droite la plus obtuse n’avait pas osé engager. 

 

A Avignon, ils étaient 14 000 

Je voudrais signaler qu’en fouillant un peu sur Internet j’ai découvert qu’Edmond Maire[11], le secrétaire charismatique de la CFDT décédé en 2017, avait un fils. Certes ce n’est pas très original. Mais ce fils, Jacques de son prénom, après avoir été membre du Parti Socialiste a rallié le camp du patronat, en s’inscrivant à LREM et en devenant député. Vous noterez également qu’il a été un des hommes de paille de l’assureur Axa qui rêve de développer les fonds de pension en France. Passé par l’ENA, il a fait des allers-retours nombreux, ce qui est très payant en termes de carrière. Bref on voit les connexions. On me dira que je suis malveillant, et que cela ne prouve pas que la CFDT est un syndicat vendu. Mais nous savons tous que ce monde politique est tout petit, et que les rapprochements sont facilités. Il suffit de voir les nombreuses casquettes que l’affairiste Nicole Notat, anciennement secrétaire général de la CFDT, a portées et porte encore, à côté le pauvre Delevoye fait figure de miséreux. Comme on le voit la CFDT a l’art de choisir sa tête de file ! 

 

A Paris on a compté 350 000 manifestants 

Cette manifestation du 17 décembre doit se comprendre aussi bien du côté des manifestants que du côté de la racaille qui trône à l’Elysée comme un coup de semonce. Rien n’est acquis pour personne. Nous pensons que Macron va prétexter de la nécessité de remplacer Delevoye pour tenter de gagner du temps jusqu’à la Noël. Il ne faut pas faiblir. Aujourd’hui on a vu enfin des étudiants très présents dans les manifestations, il est vrai que c’est plutôt eux qui sont concernés, parce que dans les conditions actuelles, et quand tu étudies un peu il est pratiquement impossible d’obtenir les 44 années de cotisations nécessaires pour une retraite à taux plein. Déjà que cela était très difficile avec 42 ans, ce n’est même pas la peine d’en parler avec 44 ans, d’autant que les années de chômages ne comptent pas comme des années de vie active.

Signalons qu’à Paris en fin de manifestation, la milice de Castaner – qui a obtenu son régime de retraite spécial-cogneur – n’a pas hésité à charger les manifestants. Ils trouvent qu’il n’est pas normal que certains défendent leurs acquis sociaux. Ils veulent être les seuls à garder leurs privilèges. Ils se sont heurtés aux pompiers. Ce n’est pas la première fois, et entre la milice et les pompiers, le contentieux s’alourdit. Castaner aura du mal à justifier une telle saloperie, car les pompiers ne sont pas des Black-blocs, et ils sont appréciés par la population, contrairement aux policiers. 

 

En fin de manifestation, la milice a chargé les pompiers

 

Impressionnante manifestation à Rennes

 



[11] Après la fin de son mandat à la tête de la CFDT, Edmond Maire, rocardien évidemment, grenouilla du côté des entreprises privées qui font dans le social et qui vivent principalement de subventions – le tiers secteur.

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