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ma revue de presse journalière
29 novembre 2019

Très intéressant =

28 novembre 2019

Ce qui se passe en ce moment va bien au-delà d’une réforme supposée apporter plus de justice entre les retraités et mettre fin à ces fameux régimes spéciaux. Ce qui se passe c’est la pose d’une brique supplémentaire dans le mur de l’argent, celui qui sépare les nantis et les rentiers du reste de la plèbe qui se débat dans son quotidien.

Ce qui se passe en ce moment, c’est le lent délitement de la protection sociale à la Française, celle qui coûte si cher à nos très chers milliardaires qui n’en peuvent plus de ces traîne savates qui attendent un ruissellement hypothétique pour pouvoir boucler leurs fins de mois.

Ne pas se laisser intoxiquer

Le discours gouvernemental qui ne fait que relayer le discours néolibéral avec son cortège de « réformes » plus régressives les unes que les autres, consiste en fait à opposer ceux qui bénéficieraient d’un « régime spécial » par rapport aux allocataires du régime général. C’est faire peu de cas de l’histoire et des circonstances qui ont été à l’origine de la création de ces « régimes spéciaux » bien antérieurs à celui de 1945 instituant un régime général d’assurance vieillesse (« La faute à Colbert » – Article de Pierre Feydel – Marianne du 22 au 28 novembre) « Avant d’être un droit pour tous les travailleurs, les pensions furent créées pour remercier les serviteurs de l’Etat à mesure du développement des entreprises et des services publics ». Les choses débutent en 1673 avec les marins puis les militaires, sous la révolution, les artistes en 1698, les fermiers généraux en 1768, la Banque de France et la Comédie Française au début des années 1800…etc,… C’est en 1910 que la loi institue un régime d’assurance retraite obligatoire pour les salariés les plus modestes.

Ainsi donc, les serviteurs de l’Etat dont les soldes n’ont pas été toujours à la hauteur de leurs attentes comparées aux salaires des travailleurs du privé (c’est particulièrement vrai jusqu’à la fin des trente glorieuses) pouvaient donc « compenser » le coûteux privilège de la stabilité de l’emploi par la perspective d’une carrière évolutive et l’espérance d’une pension de retraite plus favorable que dans le privé.

En prenant pour argent comptant le discours gouvernemental consistant à opposer les salariés des deux secteurs, on risque d’arriver à une situation « perdant-perdant ». Croire que taper sur les régimes spéciaux fera avancer les droits des salariés du privé serait une grossière erreur

Un système plus juste ?

On remarquera qu’aujourd’hui la proposition d’un régime universel « pour plus de justice » propose un nivellement par le bas, là où toute l’histoire de la construction du système montre que les régimes spéciaux ont plutôt servi d’exemple pour tirer vers le haut un régime général. Donc, on fige les choses de manière définitive avec ce régime.

Formidable régression donc que cette proposition gouvernementale téléguidée par le patronat et relayée par le néolibéralisme et la mondialisation. Chaque individu doit désormais être responsable de lui-même et s’organiser pour survivre en cas de coup dur. Finie la solidarité nationale qui prévalait jusque-là.

Le paradoxe, c’est que, sous couvert d’un régime universel à points, s’appliquant à tous les salariés qu’ils soient du public ou du privé, on s’apprête, en complément, parce que les pensions servies seront en baisse, à créer un système où les fonds de pensions seront rois, c’est-à-dire un système avec des « pseudo caisses » ou des « pseudo régimes » plus nombreux qu’actuellement.

En un mot, on démolit un système, pas toujours parfait, certes, pour offrir aux assurances et aux fausses mutuelles un marché colossal auquel les salariés seront priés de souscrire, sans garantie (l’histoire des fonds de pension est édifiante) sur leurs propres deniers s’ils veulent survivre après leur retraite. Encore que l’allongement de l’âge du départ à la retraite combiné à des difficultés à se soigner pour les plus pauvres, notamment, aboutiront immanquablement à diminuer l’espérance de vie. Jackpot assuré !

S’en prendre aux retraites, le dernier must du combat néolibéral

A y regarder de plus près, il s’agit d’un lent processus, parfois brutal, consistant à « libérer l’économie » et les « charges » qu’elle supporte, préjudiciables à « la compétitivité » et il existe des précédents récents, en matière de santé par exemple (déremboursements, faillite organisée de l’hôpital public, politique du prix du médicament organisant la pénurie ou les surcoûts pour les malades…). De régression en régression, il deviendra bientôt nécessaire de s’endetter pour soigner son cancer, comme aux Etats Unis, par exemple.

C’est aussi la fausse politique sociale gouvernementale sur le reste à charge zéro qui ne coûte rien à la sécu mais est répercuté sur les mutuelles et donc le consommateur final (chapeau les artistes). Transférer la charge sur les mutuelles et donc l’individu au final, procède de la même logique que celle qu’on nous prépare avec les fonds de pension pour les retraites.

C’est aussi la « réforme des indemnités chômage » dont les effets délétères commencent à se faire sentir sur les plus vulnérables. Sur ce point on nous garantit que les mesures gouvernementales en faveur de l’emploi (CICE, exonération de cotisations sous un certain plafond de salaires, baisse de l’impôt sur les sociétés,…) vont provoquer un « ruissellement » sur l’économie : bel euphémisme, alors même que l’ampleur des sommes déversées sur les entreprises auraient pour le moins dû provoquer un raz de marée sur les créations d’emploi.

Il est vrai que ces milliards ont été donnés sans contreparties et sans contrôle de leur utilisation (on regardera avec intérêt l’interview de F. Hollande, l’artiste du CICE, par Elise Lucet, dans lequel il indique benoitement que les contrôles étaient exercés dans les entreprises…). A ce niveau-là difficile de parler de naïveté. On penche plutôt pour la collusion

Bientôt des assurances individuelles pour s’assurer contre les aléas de la perte d’emploi ? Pourquoi pas au point où nous en sommes de la dérégulation sociale. Et puis, à côté des cadeaux faits aux entreprises, de nouveaux régimes d’assurances privées, ce serait bon pour les dividendes, non ?

Voilà comment la « Richesse et la Compétitivité » s’organisent sur le dos des salariés, qu’ils soient du public ou du privé.

Pour aller plus vite encore…

Comme la «réforme » comporte tout de même des risques (autant on peut ne pas se sentir concerné par les attaques contre la sécu si on n’est pas - encore – malade, ou par l’indemnisation du chômage si on pense avoir un emploi stable) parce que la réforme des retraites touchera tout le monde, il est important pour le gouvernement de créer un contexte anxiogène. On a déjà vu la culpabilisation des « privilégiés » déjà à l’œuvre. On ressort également les phrases toutes faites sur les usagers pris en « otage ». Devant l’enjeu, il devient donc urgent d’hystériser le débat, en ajoutant un bon gros déficit des retraites en 2025, déficit qui selon l’économiste H. Sterdyniak est construit de toutes pièces ou bien organisé par la suppression d’emplois ou la modération des salaires et la non compensation d’exonérations de cotisations retraites (cf les HS et les primes « désocialisées…)

 On rappellera que les mêmes causes produisent les mêmes effets sur le budget de la sécurité sociale qui d’équilibré en début d’année et devenu déficitaire de 5 Milliards en fin 2019… Cherchez l’erreur !

Ajoutons à cela les fameux 53 % que représentent les « charges » sur les salaires versés par les entreprises en passant sous silence leur utilité sur l’équilibre des comptes sociaux.

 

Par contre on oubliera pudiquement de vous dire que le nombre de millionnaires en France ne cesse de croitre, que la rémunération du capital a augmenté sept fois plus vite en 10 ans que le prix du travail et que l’emploi dans les entreprises du CAC 40, (bénéficiaires du CICE  - Crédit d’Impôt Compétitivité et Emploi…) a baissé de 10% en France depuis 10 ans et augmenté de 4% dans le monde, que la fraude fiscale et sociale n’est plus que mollement combattue sous Macron.

Mais tout cela, vous l’aurez compris, n’est pas suffisant pour enrayer la volonté de « réforme » et la pauvreté et les restrictions ont de beaux jours devant eux…

Mais. si c’est pour faire le lit de la richesse et de la compétitivité, alors, il ne nous reste plus qu’à nous incliner…

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