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19 août 2022

C'est grave !!!

19.août.2022 // Les Crises
Une unité SAS a éliminé des détenus afghans à plusieurs reprises, selon la BBC

Les escadrons SAS ont mené des raids de nuit en Afghanistan, dans le but de tuer ou de capturer des cibles talibanes.

Source : BBC, Hannah O’Grady, Joel Gunter
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Les escadrons SAS ont mené des raids nocturnes en Afghanistan, visant à tuer ou à capturer des cibles talibanes

Des rapports militaires récemment obtenus suggèrent qu’une unité pourrait avoir tué illégalement 54 personnes au cours d’une mission de six mois.

La BBC a trouvé des preuves suggérant que l’ancien chef des forces spéciales n’a pas transmis de preuves lors d’une enquête sur un meurtre.

Le ministère de la Défense a déclaré que les troupes britanniques « ont servi avec courage et professionnalisme en Afghanistan. »

La BBC croit savoir que le général Sir Mark Carleton-Smith, ancien chef des forces spéciales britanniques, a été informé des meurtres présumés illégaux, mais n’a pas transmis les preuves à la police militaire royale, même après que celle-ci a ouvert une enquête sur le meurtre par l’unité du SAS.

Le général Carleton-Smith, qui est devenu chef de l’armée avant de quitter ses fonctions le mois dernier, a refusé de faire des commentaires sur cette histoire.

BBC Panorama a analysé des centaines de pages de comptes rendus opérationnels des SAS, y compris des rapports couvrant plus d’une douzaine de raids « Tuer ou capturer » menés par une unité du SAS dans le Helmand en 2010/2011.

Des personnes ayant servi dans l’unité des SAS lors de ce déploiement ont déclaré à la BBC avoir vu les agents SAS tuer des personnes non armées lors de raids nocturnes.

Ils ont également déclaré avoir vu les agents utiliser des armes dites « déposées », c’est-à-dire des AK-47 placés sur les lieux pour justifier le meurtre d’une personne non armée.

Plusieurs personnes ayant servi dans les forces spéciales ont déclaré que les unités du SAS étaient en compétition les unes avec les autres pour obtenir le plus grand nombre de morts, et que l’unité examinée par la BBC essayait d’atteindre un nombre de morts plus élevé que celle qu’elle avait remplacé.

Des courriels internes montrent que des officiers au plus haut niveau des forces spéciales étaient conscients de l’inquiétude suscitée par d’éventuelles exécutions illégales, mais n’ont pas signalé ces soupçons à la police militaire, malgré l’obligation légale de le faire.

Le ministère de la Défense a déclaré qu’il ne pouvait pas commenter des allégations spécifiques, mais que le fait de refuser de commenter ne devait pas être considéré comme une acceptation de l’exactitude factuelle des allégations.

Un porte-parole du ministère de la Défense a déclaré que les forces britanniques « ont servi avec courage et professionnalisme » en Afghanistan et qu’elles étaient tenues de respecter les « normes les plus élevées. »

Les meurtres de SAS en Afghanistan : L’histoire d’une exécution suspecte

Un modèle d’exécutions suspectes

En 2019, la BBC et le Sunday Times ont enquêté sur un raid des SAS qui a conduit à un procès au Royaume-Uni et à l’ordre donné au ministre de la Défense britannique de divulguer des documents décrivant la gestion de l’affaire par le gouvernement.

Pour cette dernière enquête, la BBC a analysé des rapports opérationnels nouvellement obtenus détaillant les comptes rendus des SAS sur les raids de nuit. Nous avons trouvé un modèle de rapports étonnamment similaires d’hommes afghans abattus parce qu’ils avaient sorti des fusils AK-47 ou des grenades à main de derrière des rideaux ou d’autres meubles après avoir été arrêtés.

  • Le 29 novembre 2010, l’unité a tué un homme qui avait été arrêté et ramené à l’intérieur d’un bâtiment, où il « a tenté d’user de la force avec une grenade. »
  • Le 15 janvier 2011, l’unité a tué un homme qui avait été arrêté et ramené à l’intérieur d’un bâtiment, où il a « passé la main sous un matelas, sorti une grenade à main et tenté de la lancer. »
  • Le 7 février, l’unité a tué un détenu qui, selon lui, avait « tenté d’engager la patrouille avec un fusil ». La même justification a été donnée pour les tirs mortels sur des détenus le 9 février et le 13 février.
  • Le 16 février, l’unité a tué deux détenus après que l’un ait sorti une grenade « de derrière les rideaux » et que l’autre ait « ramassé un AK-47 derrière une table. »
  • Le 1er avril, l’unité a tué deux détenus qui avaient été renvoyés à l’intérieur d’un bâtiment après que l’un ait « brandi un AK-47 » et que l’autre ait « essayé de lancer une grenade. »

Le nombre total de morts au cours de la tournée de six mois de l’escadron est à trois chiffres. Aucun blessé n’a été signalé parmi les soldats des SAS lors des raids examinés par la BBC.

Rapport de première impression des forces spéciales sur l’incident, 16 février 2011.

Un officier supérieur travaillant au quartier général des forces spéciales britanniques a déclaré à la BBC que les rapports de l’unité suscitaient une « réelle inquiétude. »

« Trop de personnes ont été tuées lors de raids nocturnes et les explications n’avaient pas de sens, a-t-il déclaré. Une fois que quelqu’un est détenu, il ne devrait pas finir mort. Le fait que cela se produise encore et encore a alarmé le QG. Il était clair à l’époque que quelque chose n’allait pas. »

Des courriels internes de l’époque montrent que les officiers ont réagi avec incrédulité aux rapports, les décrivant comme « assez incroyables » et évoquant le « dernier massacre » de l’unité. Un officier des opérations a envoyé un courriel à un collègue pour lui dire que « pour ce qui doit être la 10e fois au cours des deux dernières semaines », l’escadron avait envoyé un détenu dans un bâtiment « et il était réapparu avec un AK. »

« Ensuite, lorsqu’ils sont retournés dans un autre A [bâtiment] avec un autre B [homme en âge de se battre] pour ouvrir les rideaux, il a attrapé une grenade derrière un rideau et l’a jetée sur le c/s [équipe d’assaut SAS]. Heureusement, elle n’a pas explosé… c’est la huitième fois que cela se produit… Cela ne s’invente pas ! »

L’inquiétude grandissant, l’un des plus hauts gradés des forces spéciales du pays a averti dans un mémo secret qu’il pourrait y avoir une « politique délibérée » d’homicides illégaux en opération. Les hauts responsables se sont tellement inquiétés que les tactiques de l’unité ont fait l’objet d’un rare examen officiel. Mais lorsqu’un officier des forces spéciales a été déployé en Afghanistan pour interroger le personnel de l’unité, il a semblé prendre la version des SAS pour argent comptant.

La BBC croit savoir que l’officier ne s’est rendu sur aucune des scènes des raids et n’a interrogé aucun témoin extérieur à l’armée. Les documents judiciaires montrent que le rapport final a été signé par le commandant de l’unité SAS responsable des meurtres suspects.

Note secrète adressée au directeur des forces spéciales, 7 avril 2011.

Aucune de ces preuves n’a été transmise à la police militaire. La BBC a découvert que les déclarations contenant les préoccupations ont plutôt été placées dans un dossier classifié à accès restreint pour les « informations anecdotiques sur les exécutions extrajudiciaires », accessible uniquement à une poignée d’officiers supérieurs des forces spéciales.

En 2012, le général Carleton-Smith a été nommé à la tête des forces spéciales britanniques. La BBC croit savoir qu’il a été informé des meurtres suspects, mais il a autorisé l’unité à retourner en Afghanistan pour une autre mission de six mois.

Lorsque la police militaire royale (RMP) a ouvert une enquête pour meurtre en 2013 sur l’un des raids menés lors de cette tournée, le général Carleton-Smith n’a pas révélé à la RMP les préoccupations antérieures concernant les meurtres illégaux, ni l’existence de la révision tactique.

Le colonel Oliver Lee, qui était commandant des Royal Marines en Afghanistan en 2011, a déclaré à la BBC que les allégations de mauvaise conduite soulevées par notre enquête étaient « incroyablement choquantes » et méritaient une enquête publique. Le fait que les dirigeants des forces spéciales n’aient apparemment pas divulgué les preuves est « totalement inacceptable », a-t-il ajouté.

Le général Sir Mark Carleton-Smith était à la tête des forces spéciales britanniques lorsque la police militaire a enquêté sur les SAS en 2013.

Tuer ou capturer

L’enquête de la BBC s’est principalement concentrée sur un déploiement de six mois d’une unité SAS arrivée en Afghanistan en novembre 2010.

L’unité opérait principalement dans la province de Helmand, l’un des endroits les plus dangereux d’Afghanistan, où les embuscades tendues par les talibans et les bombes en bord de route étaient courantes et où les pertes de l’armée étaient élevées.

Le rôle principal de l’unité était de mener des opérations de détention délibérée (DDO) – également connues sous le nom de raids « Tuer ou capturer » – destinées à détenir des commandants talibans et à perturber les réseaux de fabrication de bombes.

Plusieurs sources ayant participé à la sélection des cibles pour les opérations des forces spéciales ont déclaré à la BBC qu’il y avait de graves problèmes avec les renseignements qui sous-tendent le processus de sélection, ce qui signifie que des civils pouvaient facilement se retrouver sur une liste de cibles.

Selon un représentant britannique qui était présent lors de la sélection des cibles dans le Helmand en 2011, « les gars du renseignement établissaient des listes de personnes qu’ils supposaient être des talibans. Elles étaient soumises à un court processus de discussion. Cela était ensuite transmis aux forces spéciales qui recevaient un ordre de tuer ou de capturer. »

Selon la source, le ciblage s’est fait sous pression et dans la précipitation. « Cela ne se traduisait pas nécessairement par la volonté de tous les tuer, mais il y avait certainement une pression pour améliorer le niveau de jeu, ce qui signifiait essentiellement porter des jugements sur ces personnes rapidement », a-t-il déclaré.

Des sources ont déclaré à la BBC que le processus de ciblage lors des raids de nuit était souvent précipité et pouvait comprendre par erreur des civils innocents.

Au cours de ces raids, l’unité SAS a utilisé une tactique bien connue consistant à faire sortir toutes les personnes se trouvant à l’intérieur d’un bâtiment, à les fouiller et à les attacher avec des menottes à lanières, puis à ramener un homme à l’intérieur pour qu’il aide les agents des forces spéciales à effectuer une fouille.

Mais les officiers supérieurs se sont inquiétés de la fréquence à laquelle les comptes rendus de l’unité décrivaient des détenus ramenés à l’intérieur des bâtiments pour y chercher des armes cachées – une tactique ennemie qui n’a pas été signalée par les autres forces militaires britanniques opérant en Afghanistan.

Les officiers se sont inquiétés également du fait que, lors d’un nombre important de raids, le nombre de personnes tuées était supérieur au nombre d’armes récupérées sur les lieux, ce qui laissait penser que les SAS tiraient sur des personnes non armées.

Après que des préoccupations similaires ont été soulevées en Australie, une enquête dirigée par un juge a été commandée et a trouvé des « preuves crédibles » que des membres des forces spéciales australiennes étaient responsables de l’homicide illégal de 39 personnes, et qu’ils utilisaient des « armes déposées » pour tenter de justifier les tirs.

En avril 2011, les inquiétudes étaient telles au Royaume-Uni qu’un officier supérieur des forces spéciales a écrit au directeur des forces spéciales pour l’avertir qu’il existait des preuves de « meurtres délibérés d’individus après qu’ils ont été maîtrisés » et de « fabrication de preuves pour suggérer un meurtre légal en état de légitime défense. »

Deux jours plus tard, le chef d’état-major adjoint des forces spéciales britanniques a averti le directeur que les SAS pourraient appliquer une politique consistant à « tuer des hommes en âge de se battre, même s’ils ne représentaient pas une menace. »

Si les soupçons étaient fondés, écrivait-il, l’unité SAS s’était « égarée dans un comportement éthique et juridique indéfendable. »

L’unité SAS opérait dans certaines des zones les plus dangereuses du sud de l’Afghanistan, effectuant souvent des raids dans l’enceinte des villages.

La BBC a visité plusieurs des maisons attaquées par l’unité SAS en 2010/2011. Dans l’une d’entre elles, située dans un petit village de Nad Ali, dans le Helmand, se trouvait une maison d’hôtes murée où neuf Afghans, dont un adolescent, ont été tués aux premières heures du 7 février 2011.

Les soldats des SAS sont arrivés en hélicoptère à la faveur de l’obscurité et se sont approchés de la maison depuis un champ voisin. Selon leur récit, les insurgés ont ouvert le feu sur eux, ce qui les a incités à riposter et à tuer toutes les personnes présentes dans la maison d’hôtes.

Seuls trois AK-47 ont été récupérés, selon le compte rendu des SAS – l’un des six raids au moins de l’escadron au cours desquels le nombre d’armes ennemies rapporté était inférieur au nombre de personnes tuées.

À l’intérieur de la maison, ce qui semblait être des impacts de balles provenant du raid était regroupé sur les murs au ras du sol. La BBC a montré des photographies de la scène à des experts en balistique, qui ont déclaré que les impacts suggéraient que plusieurs balles avaient été tirées du haut vers le bas, et ne semblaient pas indiquer une fusillade.

Leigh Neville, expert en armes utilisées par les forces spéciales britanniques, a déclaré que les impacts de balles suggéraient que « les cibles étaient au ras du sol, soit en position couchée, soit en position assise ou accroupie près du mur – une position inhabituelle si elles participaient activement à une fusillade. »

Graphique montrant comment les impacts de balles ont été trouvés groupés près du niveau du sol – suggérant que les personnes étaient agenouillées ou couchées lorsqu’elles ont été abattues.

Le même schéma était visible à deux autres endroits examinés par la BBC. Les experts en balistique qui ont examiné les images ont déclaré que les impacts de balle suggéraient des meurtres de type exécution plutôt que des échanges de tirs.

S’exprimant sous couvert d’anonymat, un enquêteur de la RMP a confirmé à la BBC qu’ils avaient vu les photographies des scènes et que les motifs des marques de balles avaient suscité l’alarme.

« Vous pouvez comprendre pourquoi nous étions inquiets, a déclaré l’enquêteur. Les traces de balles sur les murs si bas par rapport au sol semblaient miner la version des événements des forces spéciales. »

En 2014, la RMP a lancé l’opération Northmoor, une vaste enquête sur plus de 600 infractions présumées commises par les forces britanniques en Afghanistan, dont un certain nombre de meurtres commis par l’unité SAS. Mais les enquêteurs de la RMP ont déclaré à la BBC qu’ils avaient été entravés par les militaires britanniques dans leurs efforts pour rassembler des preuves.

L’opération Northmoor a été réduite en 2017 et finalement clôturée en 2019. Le ministère de la Défense a déclaré qu’aucune preuve de criminalité n’avait été trouvée. Des membres de l’équipe d’enquêteurs ont déclaré à la BBC qu’ils contestaient cette conclusion.

Le ministère de la Défense a déclaré que les troupes britanniques étaient tenues de respecter les normes les plus élevées. « Aucune nouvelle preuve n’a été présentée, mais la police des services examinera toute allégation si de nouvelles preuves sont mises en lumière, a déclaré un porte-parole.

Dans une autre déclaration, le ministère de la Défense a estimé Panorama avait tiré des « conclusions injustifiées d’allégations qui ont déjà fait l’objet d’une enquête approfondie. »

Il a ajouté : « Nous avons fourni une déclaration détaillée et complète à Panorama, soulignant sans équivoque la manière dont deux opérations de police ont mené une enquête approfondie et indépendante sur les allégations concernant la conduite des forces britanniques en Afghanistan. »

« Aucune de ces enquêtes n’a trouvé de preuves suffisantes pour engager des poursuites. Insinuer le contraire est irresponsable, incorrect et met en danger nos courageux membres des forces armées, tant sur le terrain qu’en termes de réputation. »

« Le ministère de la Défense est bien sûr ouvert à l’examen de toute nouvelle preuve, il n’y aura aucune obstruction. Mais en l’absence de celle-ci, nous nous opposons fermement à ce reportage subjectif. »

Source : BBC, Hannah O’Grady, Joel Gunter, 12-07-2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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