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ma revue de presse journalière
26 juin 2020

EXCELLENT ARTICLE =

Trump après Tulsa

 

L’homme seul revenant de Tulsa 

De retour de son meeting complètement raté à Tulsa, Trump affichait une sale tête. La photo ci-dessus a été prise à ce moment-là. Ce que nous voyons, c’est un homme seul et amer qui a perdu le contact avec la réalité. Il est dans la situation où tous les jours qui passent le disqualifient un peu plus. C’est la dynamique des campagnes électorales, et ce qu’on pourrait appeler la prime au vainqueur qui accélère la chute. Un homme d’Etat se révèle dans la manière d’abord de faire face à des crises qu’elles soient sanitaires, sociales ou économiques. Or Trump a été défaillant. A Tulsa alors que le fanfaron de Washington avançait qu’il y aurait un million de personnes, la salle qui devait contenir 20 000 personnes n’en recevait qu’un peu plus de 6 000 selon les pompiers affectés à la sécurité de la réunion. Pire encore le livre de John Bolton qui est ravageur pour l’incompétence de Trump en matière de politique étrangère, est numéro un des ventes sur Amazon. Et sa nièce sort ces jours-ci un nouvel ouvrage tout aussi destructeur. C’est tout qui y passe, notamment on fait semblant de redécouvrir que Trump en tant qu’homme d’affaire n’a aucun talent, seulement qu’il est un héritier qui a bénéficié des centaines de millions amassés par son père pour le faire ensuite fructifier. Chaque fois qu’il a tenté de se lancer dans les affaires en dehors de l’immobilier, ça s’est soldé par une défaite. Trump a tenté de faire interdire ses ouvrages, mais sans succès, et évidemment le fait qu’il veuille les faire interdire se retourne contre lui. 

Il était donc intéressant de regarder les sondages à la suite du fiasco du meeting de Tulsa. Comme nous le voyons dans le graphique ci-après Biden creuse l’écart. C’est cette fameuse prime au vainqueur. Ce graphique est une moyenne de tous les sondages qu’on peut trouver aux Etats-Unis sur les élections à venir. L’écart est maintenant de plus de 10 points. Clinton n’avait pas un avantage en voix aussi important à la même époque l’écart en faveur de Clinton culminait à 6 points de pourcentages. Tout indique que le miracle de 2016 ne se reproduira pas. Non seulement parce que Trump n’est plus un inconnu qui surprend par sa vulgarité, mais aussi parce que fondamentalement la situation n’est plus la même. Le COVID-19 et le meurtre de George Floyd sont passés par là. Le seul point positif du mandat de Trump était le chômage. Mais sans rentrer dans le détail de la solidité de l’emploi aux Etats-Unis, ce « bon » résultat s’est évaporé comme neige au soleil. Et donc pour s’en sortir Trump a dû faire marcher la planche à billets et inonder l’économie de liquidités, soit faire de la dette, encore plus de dette. Ce qui est contradictoire avec le fait de défendre par ailleurs une économie dite de l’offre qui se régulerait d’elle-même, l’endettement de l’Amérique relançant en permanence la demande. 

 

Dernier sondage au 23 juin 2020 

Souvent les trumpistes – curieusement il y en a en France – avancent que les élections se jouant Etat par Etat, c’est le nombre de délégués qui comptera au final. Et donc que Trump pourrait malgré tout être réélu président, même en étant encore minoritaire en voix. Ce raisonnement ne tient pas très bien la route : non seulement parce que quand il y a un écart de 10 points de pourcentages en voix au niveau national, cela se traduit nécessairement par un raz de marée au niveau des délégués, mais parce que cela s’inscrit dans un mouvement plus large qui demande à repenser l’Amérique dans toutes ses dimensions. Le Financial times a publié des projections de 24 juin. Nous les résumons dans la figure ci-après. Ce premier décompte fait état d’une avance très grande des démocrates et donc par suite anticipe d’une défaite des Républicains au Sénat. Sans doute qu’une partie des Républicains seront même content de cette défaite. Bien sûr ces projections sont la réalité du moment, et ça peut changer encore. Mais on ne voit pas comment. Il semble en effet que la masse des Américains cherche un président plus consensuel qui tente au moins d’apaiser les tensions au lieu de les entraîner vers la guerre civile. Je n’ose imaginer ce que seraient les Etats-Unis si par malheur Trump était réélu. On courait directement à la guerre civile avec des émeutes du type de ce qu’on a connu après la mort de George Floyd, mais en dix fois plus importantes. 

 

Projection en nombre de délégués, Financial Times, 24 juin 2020 

Il y a beaucoup de dimensions à prendre en considération à propos de ces élections. En effet, si on s’intéresse autant à ce qui se passe outre-Atlantique, c’est parce que cela a forcément des répercussions chez nous. Le récent mouvement déclenché par le meurtre de George Floyd a, par exemple encouragé, sa caricature en France. Mais il y a d’autres problèmes importants liés à cette élection. Par exemple que fera Biden face à Erdogan en Syrie et en Libye ? On pense qu’il ne laissera pas faire comme Trump. De même si Trump a encouragé Israël à l’annexion de la Vallée du Jourdain, Biden a annoncé qu’il ne reconnaitra pas cette annexion. Pour ceux qui ne le savent pas, le puissant lobby juif américain n’est pas du tout pour l’annexion, et il aura probablement l’oreille de Biden, d’autant que les colons eux-mêmes ne sont pas très chauds pour vivre au milieu d’une population sans statut clairement défini. Certes ces considérations géopolitiques ne sont pas la priorité des Américains pour les élections de novembre, mais pour nous c’est intéressant de comprendre où va et où peut aller l’Amérique dont le mandat de Trump a écorné la crédibilité. Il est probable également que Biden tentera de renouer des relations plus cordiales avec l’Europe. Enfin, la manière dont les Etats-Unis résoudront leur crise économique inspirera sans doute une partie du reste du monde.
 

« Trump vers la sortie

 

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