Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ma revue de presse journalière
23 janvier 2020

Une excellente analyse =

Socialisme, capitalisme, écologie et Macron

 

Sur un certain nombre de points je suis d’accord avec Macron : par exemple lorsqu’il nous dit le clivage gauche-droite a disparu, ou quand il dit que l’OTAN est en état de mort cérébrale. Si le clivage droite gauche a disparu ce n’est pas parce que Macron n’incarne pas la droite extrême, c’est avant tout parce que « la gauche de représentation » est en mort cérébrale elle aussi, et qu’en s’alignant sur les standards d’une économie de marché, elle s’est autodétruite. Voyez l’Allemagne, la Suède, et les autres pays de tradition social-démocrate. Elle ne représente plus aucune alternative. Pensez que le journal Le monde classe Laurent Berger à gauche ! Des commentateurs hâtifs en ont déduit que l’idée même de socialisme était obsolète. C’était se rassurer à peu de frais. A l’échelle planétaire nous sommes en face d’un effondrement d’un système particulier fondé sur le lucre, la consommation et les inégalités de toutes sortes. Macron et ses employeurs se sont donné comme objectif de restaurer à grands coups de matraque le capitalisme du dix-neuvième siècle. Faibles salaires, faible couverture sociale, et théorie du ruissellement pour amuser la galerie et quelques intellectuels égarés. L’effondrement du capitalisme c’est beaucoup de choses en même temps. D’abord l’effondrement de l’environnement : il n’y a plus un seul cours d’eau propre dans le monde, l’air est devenu irrespirable, la nourriture plus que malsaine. L’Australie, c’est un pays entier qui brûle : le résultat c’est 1 milliard d’animaux morts, des forêts complètement détruites, et les Australiens vivent maintenant avec en permanence avec de la fumée dans les poumons, cependant on continue de nous casser les couilles avec les fumeurs et le tabagisme passif[1]. Nous savons qu’il s’agit là de l’évolution des choses consécutivement à la croissance effrénée pour toujours plus de profit. Il est possible que les Australiens vont prendre conscience du désastre et s’orienter vers autre chose que le profit. Ce sont des gens relativement instruits, riches, et qui ont l’avantage de haïr leur premier ministre, comme nous haïssons Macron. Ils ont eu cependant le tort immense de s’orienter vers le libre-échange en bradant ainsi leur agriculture au mirage des rendements qui génèrent des profits de court terme, mais qui à longue échéance détruisent la nature. Or le capitalisme, et c’est sa tare fondamentale, ne peut engendrer des profits que s’il considère que les ressources naturelles sont « un don gratuit de la nature » et que la consommation doit aller croissant. Sans cela il n’existe pas. On parle de l’Australie, mais on pourrait aussi citer Venise qui doucement mais sûrement est en train de s’engloutir. 

 

Récemment le président-fou s’est félicité comme d’un exploit personnel du fait que l’ignoble entreprise MSC ait commandé deux supers paquebots aux chantiers navals de Saint-Nazaire pour un volume de 2 milliards d’euros. Il avait l’air de dire que c‘était là le résultat de sa merveilleuse politique économique qui attirait enfin les capitaux étrangers et que cela allait créer des emplois et de la croissance[2]. Il s’agit de paquebots géants qui polluent comme pas permis, on dit que la totalité des paquebots de croisière qui circulent en Méditerranée polluent autant que toutes les voitures qui sont en fonction en Europe[3]. Le but de ces ignominies est de trimballer dans des sortes d’HLM flottants des vieux cons qui ont de l’argent en trop et qui ne savent pas quoi en faire. Ces personnages de comédie, en route pour le cimetière, font semblant de visiter le monde et d’y trouver quelque chose d’intéressant. En réalité vu l’organisation de ces croisières, ils ne voient rien du tout, et s’emmerdent, ils font des photos que tout le monde peut déjà trouver sur Internet, puis ils retournent chez eux pour y mourir. C’est un moyen criminel de locomotion qui est destructeur des océans, du climat, de l’habitat des poissons. Cela devrait être interdit. Mais l’imbécile qui fait semblant de présider les destinées de la France, et qui ne fait rien du tout pour l’écologie, à part blablater, ne semble pas encore avoir intégré des éléments de logique pourtant élémentaire : la croissance économique a obligatoirement des limites dans un monde où les ressources naturelles sont en quantité limité. Brigitte Trogneux qui est sans doute plus cupide que son mari et probablement encore plus bête, nous expliquait que Macron était une sorte de visionnaire possédant un immense savoir et que c’est pour ça qu’on le croyait arrogant[4]. Mais un homme politique qui ne comprend pas que la montée des inégalités est une ineptie et que la croissance ne peut pas être infinie, doit-il être qualifié d’intelligent ou d’abruti ? On connait la réponse, il n’y a que Jadot qui ne l’a pas comprise et qui attend de devenir ministre de l’écologie dans le prochain remaniement ministériel : le poste est vacant depuis le départ de de Rugy, un autre ancien de EELV. L’écologie politicienne n’a aucun avenir, tant qu’elle ne prend pas en compte le rejet bien plus global qu’elle ne pense du capitalisme. Si le socialisme – je parle du socialisme comme d’une manière de combattre la propriété privée, et non pas des guignols qui ont dévoyé la social-démocratie initiale pour se convertir aux lois du marché – n’a pas toujours par le passé pris en compte la dimension écologique[5], il va de soi qu’aujourd’hui toute approche sérieuse de la question environnementale ne peut pas se passer d’une critique radicale du profit et de la croissance, les deux piliers du capitalisme. 

 

Beaucoup ont conscience que la consommation pour la consommation et pour le profit de quelques prédateurs n’est pas une finalité dans l’existence et ne peut pas fonder un lien social solide et durable et ne peut mener qu’à la guerre de tous contre tous : c’est ce qui se passe d’ailleurs avec la guerre de religions nouvelle manière. Oxfam comme chaque année publie son rapport sur les inégalités avec des chiffres spectaculaires. Le 1% les plus riches possèdent plus du double des richesses cumulées de 6,9 milliards de personnes[6]. Toutes les années à la veille du Forum de Davos Oxfam nous dit la même chose : les inégalités se creusent, et rien ne semble changer. En vérité c’est faux, les consciences évoluent, et nous pensons que cette année il va y avoir beaucoup de contestataires à Davos pour cracher sur la canaille de la finance apatride. Dans le monde entier il y a aujourd’hui une montée de la colère qui se traduit par des affrontements : c’est vrai en France avec l’ignoble réforme des retraites de Macron, mais c’est tout aussi vrai ailleurs en Iran, au Liban et même jusqu’aux Etats-Unis où on n’hésite plus à parler depuis quelques années de socialisme. Les sondages sont sans appels. Un sondage récent, alors que sont lancé les primaires pour choisir le candidat démocrate qui défiera Trump, montre que 55% des femmes entre 18 et 54 ans préféreraient vivre dans un pays socialiste que capitaliste ! Ce changement radical[7] accompagne la montée en puissance d’une aile gauche du parti démocrate. Quoi qu’on pense de ce parti, et même s’il s’agit d’un simple opportunisme politicien, cela signifie que nous sommes en train de changer d’ère et que Macron, comme Trump d’ailleurs, n’a pas compris cela. Pire encore, une enquête mondiale, le baromètre Edelman montre que dans le monde entier, 56% de la population pense que le capitalisme apporte plus d’inconvénients que d’avantages[8]. En 2013 on avait effectué un sondage sur ce thème en France et 80% des Français se révélaient hostiles à ce système inégalitaire et prédateur[9]. Hollande n’en a pas tenu compte et il a disparu, il passe aujourd’hui son temps de retraite à animer des séances de signature dans des librairies de province. Ce qui explique en quelque sorte que la France soit représentée dans sa grandeur et sa continuité historique par les Gilets jaunes, réfractaires de la première heure à l’ordre macronien. 

 

Activistes en marche vers le WEF de Davos 

Ces chiffres que nous venons de citer ressemble à ce qui se disait entre les deux guerres quand on pensait que le capitalisme allait vers sa crise finale. La crise finale n’a pas eu lieu, elle a été seulement reportée de quelques décennies par des aménagements dans le partage de la valeur ajoutée. Joseph Schumpeter, un économiste différent des guignols qui ont fait le programme de Macron[10], expliquait les raisons qui amèneraient inéluctablement le socialisme. Entre autres, il pointait l’exigence de démocratie et une diminution des inégalités. C’était dans Capitalisme, socialisme et démocratie, publié en 1942, alors que la Seconde Guerre mondiale faisait rage. Si Macron avait fait des études sérieuses au lieu de faire les couloirs pour se faire adopter par un milliardaire, il l’aurait lu. Aux raisons que Schumpeter avançait s’en sont ajoutées quelques autres : et notamment la surpopulation ou son avatar, l’épuisement des ressources naturelles. Macron qui aime à se dire progressiste et dans le sens de l’Histoire, est comme Trump et Bolsonaro à contre-courant. Tandis qu’il massacre les retraites à grands coups de menteries, les Espagnols augmentent les pensions chez eux[11]. Ces mêmes Espagnols viennent de rendre leurs autoroutes gratuites, tandis que les lobbies de Bercy tentent de mettre des péages sur les routes nationales. Et voilà même que le conservateur Boris Johnson augmente le salaire minimum au Royaume-Uni qui devient plus élevé que le SMIC français. 

 

Macron tentant de faire croire qu’il n’est pas le président des riches 

Macron a reçu en grande pompe et avec notre pognon, des très riches à Versailles. Au sens littéral du terme, il leur vend la France, en leur expliquant que justement sa sauvagerie envers le peuple va permettre aux très riches de faire de très belles affaires et d’investir en toute sécurité à l’abri des Robocops qui massacreront les récalcitrants[12]. C’est peu de dire qu’il est à contre-courant. Mais ayant conscience tout de même qu’il n’est pas en odeur de sainteté dans notre pays, il s’est empressé d’ajouter qu’il n’était pas « le président des riches ». Ce serait comique si ce n’était dramatique. Pourquoi a-t-il besoin de le répéter depuis qu’il est élu ? En tous les cas il ne met pas les petits plats dans les grands pour les travailleurs, mais seulement pour les riches, et encore même pas pour les riches, pour les très, très riches. Evidemment cette cuistrerie n’est pas passée inaperçue : tandis que les très riches patrons étrangers se gobergeaient avec notre pognon, les manifestants manifestaient contre lui et se heurtaient comme d’habitude à la milice. Autrement dit on en est là : Macron invite la canaille capitaliste internationale à investir chez nous sous la protection d‘une milice surarmée. Il ne peut pas mieux démontrer qui sont ses véritables employeurs. Même si on laisse de côté la rémunération occulte de son travail par des pots de vin encaissés en sous-main, ce que nous voyons c’est qu’avec la matraque il tente de restaurer un ordre ancien tout droit sorti du dix-neuvième siècle. En ce sens, soyons en certain, il est le meilleur propagandiste d’un socialisme qui aujourd’hui ne trouve pas de champion sur le plan électoral. Il prétend encore abaisser les impôts sur les entreprises, les faire passer de 33% à 15 ou 12,5%. Ce qui veut dire que l’Etat perdra encore volontairement 35 à 40 milliards d’euros. Sachant qu’en France les investissements publics sont à la peine, cela veut dire qu’il lui faudra, soit fermer des hôpitaux, des écoles, soit augmenter les impôts sur les gueux. Il fera sans doute un peu des deux. L’imbécilité de cette détermination est qu’elle ne tient pas compte du fait que la croissance économique dépend des investissements dans les services publics, autrement dit que les investissements dans l’éducation, dans la santé, sont des facteurs de croissance, et donc que d’une manière indirecte les investissements publics sont essentiels car ils sont indirectement productifs, même Piketty qui ne sait pas grand-chose, sait cela[13]

 

 A Versailles les gueux manifestent contre la racaille capitaliste internationale qui se gobergeait à nos frais 

Mais en même temps, et comme l’avait très bien vu Schumpeter, en développant les investissements publics dont les services sont gratuits, l’Etat resserre les inégalités. Et c’est là que nous retrouvons Macron, en domestique zélé, il n’est pas là pour favoriser la croissance, mais pour accroitre à grands coups de matraque les inégalités de toutes sortes. Le message était encore plus clair en photos. Pendant que les gueux, les sans-dents, ceux qui ne sont rien manifestaient en dehors, dans le froid et la bise, la crapule capitaliste se gobergeait sur notre compte sous les ors d’un symbole d’une monarchie d’un autre âge. Le contraste était saisissant. On se croirait revenu au temps de Louis XVI, juste quelques temps avant la Révolution qui le conduira à l’échafaud. Il est tout de même sidérant que les communicants de Macron n’aient pas saisi l’horreur de ce contraste. Soit ils sont stupides, à l’image de Sibeth Ndiaye, soit ils le font exprès pour faire enrager encore un peu plus les plus pauvres.  Prenons l’exemple du SMIC, Macron, Philippe et l’autre affairiste de Bruno Le Maire[14], nous disent qu’il n’est pas question de l’augmenter au-delà de l’inflation, vu que ça ruinerait la compétitivité. Passons sur le fétichisme de la compétitivité qui est tout l’horizon intellectuel de cette engeance. Mais en toute logique le SMIC devrait augmenter au moins au même rythme que celui de la productivité. Ce n’est pas le cas comme nous le voyons dans le graphique ci-dessus. C’est cette évolution divergente qui explique d’ailleurs que la part des profits dans la valeur ajoutée ait augmenté si fortement depuis près de quarante années maintenant. C’est un vol manifeste, une torsion de la répartition de la richesse en faveur des plus riches. Mais dans la question de la hausse du SMIC, il y en a une autre : c’est que lorsqu’on augmente le SMIC, par le biais mécanique des conventions collectives se sont tous les bas salaires qui remontent et donc qui vont permettre de resserrer les inégalités. Outre que cela démontre que le gouvernement travaille pour les très très riches, cela montre qu’il est complètement à contre-courant de l’évolution des opinions dans le monde. On l’a dit Boris Johnson a fait grimper le salaire minimum britannique au-dessus de son homologue français jugé pendant longtemps comme trop élevé. La France est maintenant au sixième rang en Europe. C’est une régression sans précédent. Ce n’est donc pas seulement du point de vue de la couverture sociale que Macron et son gang détruisent le modèle français, mais aussi du point de vue de la hiérarchie des salaires. Pendant ce temps l’Espagne qui déjà paie mieux ses enseignants que la France, a, elle aussi, augmenté son salaire minimum de 22% en 2019[15] ! 

 

Tout cela fait apparaître Macron et son gang comme une équipe sans avenir, incapable de comprendre qu’ils sont en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis. Dans tous les domaines, écologie, économie, social, ils font l’exact inverse de ce qu’attend le peuple. Ils se justifient de plus en plus difficilement en disant qu’ils ont été élus pour réformer, mais outre que cette équipe de bras cassés a été très mal élue, LREM a obtenu 70% des sièges à l’Assemblée nationale avec 18,8% de l’électorat au premier tour des législatives, on rappelle souvent que le menteur qui se trouve à l’Elysée avait promis durant sa campagne présidentielle, de ne pas toucher à l’âge de départ à la retraite qui resterait fixé à 62 ans, alors qu’aujourd’hui on parle d’un âge pivot qui pourrait monter jusqu’à 67,5 ans selon les dernières simulations qu’on a faites[16]. En quelque sorte, Macron travaille pour le socialisme, tant il met en œuvre et de manière visible sa collusion avec le grand capital des multinationales. Les Français ont repris le goût de la révolte, même si c’est difficile du fait de la répression de la milice, mais en plus ils réfléchissent ici et là à un avenir meilleur, sans Macron bien sûr, mais aussi sans les horribles critères de compétitivité et des inégalités qui vont évidemment avec. Macron qui ne connait pas l’histoire de la France ne comprend pas la passion des Français pour l’égalité, ni pour la liberté, et encore moins pour la fraternité. Il en est quarante ans après à se rêver en réincarnation de Margaret Thatcher. 

 



[5] Encore que ce n’est pas le cas d’un des premiers socialistes français, Charles Fourier. La fausse industrie morcelée répugnante et mensongère et l'antidote, l'industrie naturelle, combinée, attrayante, véridique donnant quadruple produit, 2 volumes Bossange père, 1835

[10] Je vise explicitement ici trois imbéciles, Jean Pisany-Ferry, Philippe Aghion et Gilbert Cette.

[13] Thomas Piketty, Capital et idéologie, Le Seuil, 2019.

[14] Cet homme cupide, sans honneur et sans morale s’était fait remarquer avec les emplois fictifs de sa femme, mais depuis qu’il est passé dans le camp de Macron, après lui avoir craché dessus, la justice semble l’avoir oublié. https://www.huffingtonpost.fr/2013/10/08/emploi-femme-bruno-le-maire-assemblee-nationale_n_4064383.html

Publicité
Publicité
Commentaires
ma revue de presse journalière
Publicité
Archives
Publicité