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ma revue de presse journalière
10 novembre 2019

Très intéressant =

ACTE LII, une année de Gilets jaunes, et ça continue

  

Manifestation à Paris 

Sans doute le gouvernement impopulaire ne s’attendait pas à ce que le mouvement des Gilets jaunes dure autant. Macron se croyant malin devait se dire qu’avec quelques bricoles et un peu d’enfumage, il désarmerait le peuple en colère. Mais rien n’y a fait, et au contraire le régime semble s’enfoncer de plus en plus dans l’incompréhension. Le monde dans son édition datée du samedi 9 novembre soulignait dans un gros dossier que la révolution contre l’ordre établie et donc la mondialisation gagnait maintenant le monde entier. Il ne faudrait pas oublier cependant que ce sont les Gilets jaunes qui ont ouvert le bal voici maintenant un an. En un sens cela ressemble à l’année 1968 où on avait vu le monde s’embraser en partant de Paris. Bien loin d’être une simple révolte étudiante, ou une révolte de la jeunesse, ce mouvement a engendré pour le meilleur et pour le pire, une véritable révolution, sur le plan politique, social, économique et culturel. Sans trop savoir ce qui va en sortir, il semble que l’année 2019 consacre le début de la fin de l’ordre néo-libéral initié par la contre-révolution conservatrice de Reagan-Thatcher à la fin des années soixante-dix. Les moteurs de la révolte sont toujours à peu près les mêmes, les inégalités qui se creusent, l’absence de perspectives politiques, ou encore la dégradation continue des conditions de vie sur notre malheureuse planète. L’exaspération est dirigée aussi bien contre les gouvernements cupides, arrogants et répressifs que contre les fausses oppositions des partis et des syndicats qui sont incapables de proposer une alternative sérieuse. En France la gauche prépare les municipales, ou alors avec la CGT et le PCF, la voilà qui rallie une manifestation organisée par les Frères Musulmans pour faire la promotion du voile et de la charia. Il est naturel que le peuple se méfie de ces gens-là. Comme aux quatre coins du monde, le peuple aux mains nues doit se débrouiller tout seul et sans soutien du côté des corps organisés et de la presse. 

 

Le monde, le 9 novembre 2019 

Cette révolte contre la mondialisation, Macron semble avoir compris que c’était très grave, et que cela risquait de remettre en question le pouvoir de l’oligarchie. Non pas que nous lui faisons confiance pour changer sa politique antisociale, mais simplement pour pointer le fait que son discours change : après avoir dit qu’il fallait réguler les migrations, qu’il fallait lutter contre l’hydre islamiste, le voilà qu’il remet en cause l’OTAN – il a parlé de « mort cérébrale de l’OTAN »[1] – mais il en a rajouté une couche sur l’Union européenne en remettant en question la fameuse règle des 3%[2]. Or cette règle des 3% de déficit est justement celle qui a justifié sa politique économique et sociale pourrie depuis 2014, date à laquelle il a été nommé ministre de l’économie. Faut-il qu’il ait peur pour tenter de changer de cheval ! Evidemment en même temps, il continue à détruire la protection sociale en France, il s’est attaqué aux allocations chômage, et le voilà qu’il s’apprête à produire une réforme des retraites qui va précariser un peu plus les plus pauvres. 

 

Le personnel de l’hôpital public de Longué-Jumelles se mobilise 

Les Gilets jaunes sont très attachés aux services publics et aux biens publics. Pendant ce temps les macronistes s’activent à faire des affaires en or. La Française des Jeux a été privatisée. L’Etat devrait perdre dans l’affaire au moins 12 milliards d’euros sur les 20 prochaines années. Je reviendrai plus tard sur ce calcul qui se base sur le fait que la Française des Jeux devrait être bradée pour 3,5 milliards, alors que sa croissance régulière de 4,4% par an devrait la valoriser à 15 milliards dans les 17 années à venir. Mais voilà maintenant qu’on en est à vendre un hôpital public au privé. Il s’agit d’un établissement situé à Longué-Jumelles, entre Angers et Saumur. C’est une bonne affaire, l’établissement est flambant neuf ! Alors que l’Etat vient de dépenser 24,6 millions de travaux, on prévoit de le vendre au groupe LNA Santé pour 18,5 millions[3] ! Cette canaillerie à laquelle le personnel tente d’opposer est en réalité la continuation de la démarche qui consiste à privatiser la santé. Pendant que Martinez déconne avec les islamistes, les syndicalistes d’en bas se mobilise sans que leur secrétaire général ne s’en émeuve ou vienne les soutenir. Plutôt que de lutter pour la défense de l’hôpital public martyrisé par le gouvernement, il se mobilise pour défendre le voile. Le maire de cette ville est un affairiste, Frédéric Mortier, il approuve cette idée de vendre ce bien public à un prix de braderie. La raison est selon lui que cet établissement est très endetté. Mais comme on le sait c’est la tactique des affairistes du gouvernement, on fait exprès de laisser un établissement s’endetter, puis ensuite on invoque cette dette pour le brader à des amis intéressés. Mais il semblerait que l’ARS ait décidé autrement et que cette manœuvre ait échoué devant la mobilisation locale. Frédéric Mortier dira être très content de la décision de l’ARS, mais que cependant l’offre du privé était excellente[4] ! 

 

Autre vue de la manifestation parisienne 

Les Gilets jaunes étaient moins nombreux c’est vrai. Mais ils préparent la manifestation nationale du 16 et 17 novembre prochain. Ils ont fait preuve d’imagination cependant, et ils ont été directement débusquer la suppléante de l’abominable Castaner à Manosque. Et ils ont aussi décidé lors de la dernière assemblée des assemblées de soutenir la grève illimitée du 5 décembre décidée par l’intersyndicale, à l’absence notable de la CFDT qui cautionne la baisse des pensions de retraites, approuvant de fait la réforme, c’est en réalité l’inverse qui nous aurait étonné[5]. Qu’il y ait encore des adhérents à ce « syndicat » patronal, n’est-ce pas étonnant ? Mais les Gilets jaunes s’y joindront, quoi qu’on en pense des bureaucraties syndicales, ils ont raison. Ils agissent ainsi comme une nouvelle force politique qui prend ses responsabilités. Peut-être qu’en tant que tels ils vont disparaitre, mais ils ont semé des graines qui ne peuvent que prospérer. Peut-être que le 16 et le 17 ils ne seront plus qu’une poignée, mais peu importe, ils sont la conscience permanente de ce qui cloche dans notre société. Notez que les Extinction-Rébellion qui avaient fait beaucoup de bruit il y a quelques semaines se sont essoufflés, existent-ils encore ? A Paris et à Montpellier, ils étaient plusieurs milliers. A Paris ils se sont rendus devant le siège de BFM pour protester contre le traitement de l'information par cette chaîne.

  

A Montpellier les forces de l’ordre étaient très compactes et ont été tout de suite au contact 

Avant de tirer un bilan politique du mouvement, on trouve les chiffres suivants de la répression policière et judiciaire.

Morts : 11

Blessés : 4 439 (au 4 octobre 2019)

Arrestations : 12 107 interpellations; 10 718 gardes à vue; 2 000 condamnations; (octobre 2019)

Il y a eu 400 condamnations à la prison ferme, et 600 peines de prison aménageables.

On note évidemment que les plaintes des Gilets jaunes contre la sauvagerie de la milice de Castaner ont presque toutes été classées sans suite. Par exemple le jeune Lilian qui a eu la mâchoire fracassée par un tir de LBD a vu sa plainte classée sans suite par un procureur qui a pris tellement le pli de la servilité, qu’il devance les désidératas du président-fou. Donnons son nom, il s’agit de Yolande Renzi, qui classe l’affaire alors que le jeune Lilian, cela a été prouvé, ne participait pas à la manifestation, et que forcément pour qu’il bloque un tir de LBD en pleine mâchoire, vu le degré de précision de cette arme de guerre, il a fallu que le policier vise la tête délibérément. Sans doute croit-elle qu’il aura de l’avancement. Mais ce n’est pas cette femme qui va redresser l’image de la justice en France. Malgré les récriminations et les critiques qui viennent de tous les côtés, la police ne change pas de méthode. A Montpellier, il y a eu des affrontements violents du fait de la police qui a chargé dès le début de la manifestation, la Ligue des Droits de l’Homme dénombre six blessés. On se croirait dans un pays du Tiers-Monde. 

 

Le procureur Yolande Renzi qui classe les affaires graves sans suite 

La répression policière a été aussi sauvage à Strasbourg où des centaines de Gilets jaunes ont tenté de se rendre devant le Conseil de l’Europe. On peut se poser des questions sur tant de sauvagerie, sans doute est-ce parce que Macron craint vraiment que le mouvement reparte. Mais en manifestant autant de brutalité, il passe exactement pour ce qu’il est aux yeux de l’Europe, un petit dictateur qui a peur du peuple. Regardez cette vidéo de la manifestation montpelliéraine, ça gaze à tour de bras, ça frappe les femmes qui ont juste le tort d’être aller manifester. C’est tout de même la honte que de se comporter ainsi, quels que soient les ordres reçus. Faire un tel métier ne doit pas vous donner un sentiment de propreté tout de même. Les flics savent parfaitement qu’ils se comportent en miliciens, mais ça ne fait rien, ils continuent à se vautrer dans leur ignominie.

 

A Strasbourg des centaines de Gilets jaunes se sont dirigés vers le Conseil de l’Europe 

Tout cela nous montre que les Gilets jaunes restent mobilisés et aux aguets. Ils étaient encore des milliers à défiler dans toute la France. A Bordeaux, à Toulouse, à Strasbourg, Montpellier, Paris, Le Mans, et ailleurs ils ont occupé des ronds-points, en Isère ou en Dordogne. Ils ne sont pas morts ! 

 

A Manosque les Gilets jaunes ont été débusquer la suppléante de Castaner 

 

En Dorfogne, les Gilets jaunes réinvestissent le rond-point de Creysse et annonce une forte mobilisation pour le 16

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