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ma revue de presse journalière
31 octobre 2019

INSTRUCTIF !!!

L’ancien président étasunien Barack Obama fut un exemple de « la puissance intelligente » dans la politique menée par la Maison blanche, alors que George W. Bush a exercé la « manière forte ». Photo : TIME/NATIONAL

LES voix du « hard power » ou de « la manière forte » sont plus désinhibées lorsqu’il s'agit de recommander le rôle des États-Unis au niveau international que celles de leurs collègues du dénommé « smart power » ou « puissance intelligente ».

Irving Kristol, théoricien du conservatisme le plus belliqueux et fervent disciple de Leo Strauss, tenait pour acquis l’existence d’un « Empire américain » et ne se cachait pas pour le proclamer.

« Un de ces jours, le peuple américain va se rendre compte que nous sommes devenus une nation impériale. »1
Selon Kristol, la différence entre l'empire étasunien et les empires européens résidait dans le fait que « nos missionnaires sont à Hollywood ».

Leo Strauss est arrivé aux États-Unis fuyant les nazis. Disciple de Heidegger, admirateur et érudit de Platon, Maïmonide, Nietzsche et Carl Schmitt, il enseignait à ses élèves que dans la société « certains sont aptes à diriger et d'autres à être dirigés ».2

Il considérait que l'agressivité de la nature humaine peut être limitée par un État puissant et recommandait : « S’il n’existe pas de menace extérieure, il faut la fabriquer ; un ordre politique ne peut être stable que s'il est uni par une menace extérieure. »3

Les réseaux straussiens s’étendirent à partir de sa chaire à l'Université de Chicago. C’est de là qu’est issu Allan Bloom, fondateur en 1984 du Centre d'études de la Fondation John M. Olin, qui exerça une grande influence sur l'exécutif de Ronald Reagan.

La première génération de straussiens, sous la direction d’Allan Bloom, a réarmé la pensée conservatrice, en la dotant d'arguments qui vont au-delà de l'adhésion aux valeurs traditionnelles et de la défense du libre-échange.

« Theclosing of the American Mind » (1987), écrit par Bloom et devenu un best-seller, offrait, à travers une analyse de la culture universitaire étasunienne un diagnostic des États-Unis et une méthode pour résoudre les « graves problèmes posés ».

Après le 11 septembre 2001, les néoconservateurs appliquèrent une politique visant à terroriser la population étasunienne, basée sur la manipulation médiatique des informations et une vision paranoïaque de la réalité.

Cependant, les faucons néoconservateurs furent très mal perçus sous l'administration de George W. Bush. L'image des États-Unis s’en trouva sérieusement écornée. Le « vrai pouvoir » décida donc de les retirer de la scène. Un changement s'imposait.

ENTRE LE HARD POWER ET LE SMART POWER. QUELLE DIFFÉRENCE ?

Le gouvernement de Barack Obama, comme le soulignent d'éminentes personnalités étasuniennes, comme James Petras et Noam Chomsky, a utilisé plus que quiconque des outils extraterritoriaux pour exercer le pouvoir et avoir recours à la peur avec une rigueur absolue.

Les contradictions entre les néoconservateurs et son gouvernement n’ont été que de surface, d'image publique, rien de plus. Il s'agissait simplement de changer l'image des États-Unis afin de parvenir à un nouveau consensus.

La puissance intelligente, née aussi des réseaux straussiens – sans oublier que ces réseaux ont leur origine dans le monde universitaire et politique de Chicago –, parvient par le biais de l' « ingénierie du consensus », à limiter davantage la pensée étasunienne à une marge étroite d'idées.

Quelle différence existe-t-il entre George Bush qui prépare l'attaque contre l'Irak et l'exécute en tant qu'« empereur » des riches et des puissants multimillionnaires « blancs, anglo-saxons et protestants » (les WASP), et Barack Obama, le premier président noir des États-Unis, qui crée le scénario nécessaire pour envahir la Syrie, ou avec les outrecuidances tragicomiques de Donald Trump, qui s’achèvent sur des menaces, des blocus, des sanctions économiques, des bombardements et des attaques  avec des missiles menées sans discrimination.

L'ancien président des États-Unis, George W. Bush, déclarait qu'il agirait militairement dans le cas où l'Irak refuserait d'éliminer ses armes de destruction massive et considérerait le régime de Bagdad comme « une menace pour les États-Unis ».

Le 20 mars 2003, les États-Unis et le Royaume-Uni lancèrent l'invasion terrestre de l'Irak, après que les États-Unis eurent tenté d'anéantir Saddam et son état-major lors d’une attaque ciblée avec des missiles Tomahawk tirés depuis plusieurs navires.

Obama déclara le 28 août 2013 qu'il n’avait pas souhaité s’impliquer militairement dans le conflit civil syrien, qui durait déjà depuis plus de deux ans, mais il n’hésita pas à annoncer que si Assad utilisait des armes chimiques contre son propre peuple, « cela changerait nos calculs ».

Il n'a pas fallu longtemps aux faucons du Pentagone et à l'OTAN pour lancer, depuis des navires et des sous-marins, des missiles Tomahawk sur la Syrie, après la mise en scène théâtrale d'une fausse attaque chimique contre la population civile.

Donald Trump dit que dans le cas du Venezuela « toutes les cartes sont sur la table » et il menace de recourir à la force contre ce pays sud-américain, Cuba et le Nicaragua.

Dans un discours télévisé sur le porte-avions étasunien Abraham Lincoln, George W. Bush avait annoncé en 2003 que « les principales opérations de combat en Irak avaient pris fin ». Verrons-nous aussi le président Donald Trump en costume de pilote sur un porte-avions annonçant la victoire dans un autre des « coins sombres de la planète » ?

Le « Projet pour un nouveau siècle américain », un document phare des néoconservateurs pour étendre l'empire étasunien au reste du monde, est basé sur la doctrine de la « guerre préventive à caractère mondial et permanent ». En bref, le projet dit que « si le 20e siècle était le siècle américain, le 21e siècle doit l'être aussi ».

Pour ce faire, il est nécessaire de s’engager dans de nouveaux scénarios de guerre avec une supériorité technologique écrasante face à des pays faibles, mais extrêmement précieux d'un point de vue stratégique pour les États-Unis.

Le plan existe, le vrai pouvoir le met en pratique, quels que soient les visages de façade en place au gouvernement. La mission est de faire respecter les objectifs de la domination mondiale. Mêmes prétextes, mêmes intérêts, mêmes mesures. Qu'est-ce qui a changé ?

1 Irving Kristol. "The Emerging American Imperium ", Wall Street Journal, 18 août 1997, p. a-14.
2 Leo Strauss. What is Political Philosophy? and Other Studies. Glencoe III Free Press, Université de Chicago, 1959.
3 Idem.

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