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ma revue de presse journalière
22 septembre 2019

TRES INTERESSANT =

Gilets jaunes acte XLV, marche pour le climat, retraites, forte mobilisation

Ce samedi 21 septembre a été marqué par des manifestations massives en France et plus particulièrement à Paris, démentant ainsi un essoufflement du mouvement social. Bien au contraire ce que nous voyons est clairement une convergence des luttes, même si à Paris les manifestations étaient dispersées sur trois sites différents. Ces manifestations se sont déroulées dans un contexte très particulier de décomposition des institutions politiques. 

 

Manifestation à Tours contre le démantèlement d’EDF 

Les attaques de Macron se font tout azimut pour démanteler ce qu’il reste du modèle français et pour le rapprocher du modèle anglo-saxon qui plait tant à l’oligarchie et à Bruxelles. Il a changé en effet de méthode en faisant semblant de dialoguer. Ce qui veut dire qu’il laisse ses opposants parler mais que dans les faits, il fait ce qu’il a prévu de faire pour satisfaire ses sponsors. L’idée générale c’est de privatiser tout ce qui peut l’être et particulièrement les monopoles étatiques, on le voit avec la bataille pour le référendum contre la privatisation d’ADP[1]. On l’a vu avec la bataille perdue contre la privatisation de la SNCF. Et voilà maintenant que Macron s’attaque à deux nouveaux chantiers : les retraites et la privatisation d’EDF. Pour les retraites, il faut insister ici : ce ne sont pas les vieux qui sont concernés par cette réforme, mais bien les plus jeunes puisque ceux qui sont à la retraite ou qui vont y accéder dans les quelques années qui viennent savent déjà à quoi s’en tenir, ce sont bien les jeunes qui sont dans le collimateur, ce sont eux qui paieront la casse, surtout s’ils ont connu quelques années de chômage et s’ils ont fait des études longues. Et donc ce que nous voyons depuis quelques jours, ce sont des mouvements de rébellion contre cette ignominie. Mais ces mouvements sont peu coordonnés, essentiellement parce que les bureaucraties syndicales ne le veulent pas et veulent garder leur clientèle – du moins ce qu’il en reste – captive. C’est pourquoi les gilets jaunes qui ne sont inféodés à personne sont la seule force d’opposition qui s’attaque Macron aussi bien sur le terrain de l’écologie, que celui des privatisations ou encore que celui du pouvoir d’achat.  

 

Mais Macron tente de museler tous ses opposants et pour cela il instrumentalise la justice qui se laisse bien faire. Le cas Mélenchon est exemplaire. J’ai suffisamment de reproches à faire à Mélenchon pour qu’on ne me suspecte pas de mélenchonisme[2]. Il a raté sa campagne présidentielle en 2017, et plus encore il en a raté la sortie en jouant les équilibristes entre son aile souverainiste dont il se débarrasse peu à peu, et son aile bobo représentée par Clémentine Autain. Mais quoi qu’on pense de ses errements politiques, Macron le fait traîner devant les tribunaux parce qu’il s’est rebellé contre une perquisition dans les locaux de son parti, perquisition dont la légalité semble douteuse[3]. On a appris qu’une magistrate macronienne de choc, Gaëlane Pelen, non seulement se trouvait sur les lieux de la perquisition, mais qu’elle insultait aussi les soutiens de Mélenchon qui étaient venus l’accompagner[4]. C’est sa manière de faire à Macron : attaquer en justice les opposants pour les faire taire ou les discréditer. Il a fait la même chose avec Marine Le Pen quand un juge avait convoqué la présidente du RN pour un examen psychiatrique pour avoir dévoilé des photos de Daesh sur son site Internet[5].  Il est regrettable de le dire mais peu de gens se sont élevé contre cette attaque sournoise, surtout à gauche. Or il est facile de comprendre que quoi qu’on pense de MLP, pour ma part je suis éloigné de ses positions, ce n’est pas une manière que de l’envoyer chez le psychiatre. C’est une manière qui avait cours dans l’URSS de Brejnev, celle d’un régime aux abois. On voit que dans les deux cas Macron tente de faire passer ses opposants pour des excités ou des dangereux psychopathes. Et ça marche suffisamment pour que maintenant Mélenchon soit discrédité, les derniers sondages, présenter triomphalement par la canaille journalistique, en attestent[6]. Nous devons dans ce type d’affaire soutenir sans réserve les personnalités politiques d’opposition attaquées, qu’elles s’appellent Mélenchon ou Marine Le Pen.

  

Au procès de Lyon les décrocheurs étaient soutenus 

Cependant la justice n’est pas un corps monolithique. Un certain nombre de juges refusent de se laisser instrumentaliser par le pouvoir. Macron demande à Belloubet de poursuivre systématiquement ceux qui décrochent son portrait dans les mairies. Il y a encore douze procès à venir d’ici à septembre 2020. A Lyon le juge a refusé de condamner les décrocheurs, arguant de leur doit d’expression, c’est bien vu parce que c’est exactement ça que vise Macron à museler l’opposition. Mais peut-être aussi le juge a-t-il refusé de se ridiculiser[7]. Le parquet qui ne représente plus que la magistrature couchée et non pas debout, a décidé de faire appel. Cependant ce n’est pas la première fois que les décrocheurs de portraits sont relaxés. En juin de cette année, trois décrocheurs avaient été jugés dans ce sens à Kolbsheim[8]

 

A Kolbsheim aussi les soutiens des décrocheurs étaient nombreux 

Par ce type de répression judiciaire Macron non seulement se ridiculise tous les jours un peu plus, mais il ridiculise la justice en obligeant le parquet à poursuivre. Ce faisant, il finit par travailler pour eux en leur donnant un peu plus de publicité. Les institutions policière et judiciaire ont beaucoup perdu de leur prestige depuis que Macron est malencontreusement devenu président. Je ne parle même pas des journalistes dont la profession est totalement discréditée. Evidemment la Macronie avait mis en place un dispositif sécuritaire renforcé sur Paris. L’idée n’est pas d’empêcher les violences comme le dit le préfet Lallemand – un nom prédestiné pour la Paris collaborationniste – mais de dissuader les manifestants, de les empêcher de se rassembler. En ce samedi 21 septembre, la manifestation hebdomadaire des gilets jaunes coïncide avec les marches pour le climat qui se déploient de partout dans le monde, y compris en Allemagne. Cette convergence des luttes montre bien d’ailleurs que le gouvernement est plus préoccupé par l’augmentation des profits des actionnaires et la baisse des salaires que par une action pour enrayer ne serait-ce qu’un peu la dégradation de l’environnement.

 

Dès le matin du 21 septembre, on surprenait des flics déguisés en black blocs se mettre en place avec leur fourberie habituelle 

Tout au long de la matinée les policiers ont tenté d’empêcher les gilets jaunes de rejoindre les Champs Elysées, les stations de métro avaient été fermées, mais tandis que les manifestants pour le climat se rassemblaient aussi ailleurs, et malgré les arrestations préventives et les tirs de grenades lacrymogènes, ils ont cependant atteint leur but. Les boutiques sur les Champs Elysées étaient barricadées comme en temps de guerre et on avait ressorti les canons à eau. Toutes les rues menant aux Champs Elysées étaient sous contrôle. Et pourtant on a vu en début d’après-midi plusieurs centaines de gilets jaunes arriver enfin à se regrouper sur la fameuse avenue. Lallement avait déployé 7500 policiers pour cadenasser Paris, malgré ses fanfaronnades, il n’y est pas arrivé. Pire encore il y a eu des heurts nombreux, notamment lorsque la manifestation pour le climat est remontée vers le Luxembourg, et que les policiers ont dû reculer sous la pression de la foule. Les violences étaient semble-t-il emmenées par les blacks blocs, mais selon les vidéos qu’on a pu voir sur You tube, dès le début de la matinée des flics s’étaient déguisés en black blocs et ont été repérés. Que cherchent-ils ? A déclencher la violence pour justifier la répression, ou à infiltrer une manifestation pour en museler ce qu’ils croient être les leaders d’un mouvement absolument sans tête ? Peut-être les deux. Mais tout cela ne semblait guère bien organisé. A vouloir disperser les manifestants pour mieux les contrôler, ce sont les policiers qui se sont retrouvés en sous-effectifs face à la foule en colère.

  

Place de la Madeleine, la police a rapidement sorti les lacrymogènes 

Evidemment la répression policière – car en France la liberté de manifester n’est plus respectée depuis presque 10 mois – a empêché que le rassemblement soit plus massif sur les Champs Elysées. Mais les gilets jaunes ont rejoint la manifestation pour le climat qui se tenait à quelques encablures et qui rassemblait plusieurs milliers de personnes qui se sont rendus vers le Luxembourg. Globalement ces manifestants faisaient la démonstration qu’on n’arriverait à rien en ce qui concerne le climat sans en finir avec le capitalisme et le libre-marché. La milice de Castaner était fort ennuyée parce qu’en attaquant les gilets jaunes elle était aussi obligée d’attaquer les manifestants pour le climat. Or de partout dans le monde les manifestants pour le climat ont le droit de le faire sans craindre de se faire matraquer ou éborgner par la police. Des consignes ont dû être données parce que si plusieurs fois les policiers ont fait mine de se servir de leur LBD40, ils ne l’ont pas fait, alors même qu’ils étaient dans la difficulté. 

 

La milice en action sur les Champs Elysées 

Sur le boulevard Saint-Michel on a vu des barricades se dresser. La préfecture – c’est-à-dire les services de Lallement – avançait que 1000 blacks blocs avaient infiltrer la manifestation. Cette information pose deux problèmes, le premier est celui du dénombrement, comment compter des blacks blocs parmi une foule de plusieurs milliers de personnes, alors que comme nous l’avons dit plus haut un certain nombre de policiers s’étaient déguisés en blacks blocs justement. Ensuite pourquoi penser que les blacks blocs ne feraient pas partie de cette manifestation ? quoi qu’il en soit Macron exaspère tellement de monde, qu’il est normal que les manifestants approuvent les violences. C’est peut-être la seule manière de le faire sortir de son immobilisme total. Nous sommes tout de même au onzième mois de lutte, et rien n’avance, tout recule. Sans même parler de la destruction massive des droits des travailleurs, l’inertie du président-fou sur la question du climat interroge. Les Allemands ont manifesté massivement pour le climat le 20 septembre, le gouvernement a promis 100 milliards d’investissements d’ici à 2030 pour la transition[9]. C’est mieux que rien pourrait-on penser, mais vu les enjeux et considérant l’étalement sur les 11 années qui viennent c’est dérisoire, encore que ces 100 milliards on n’est pas près de les voir, ils risquent de se perdre dans le dédale des procédures budgétaires. C’est le système dans son entier qui doit être changé. On voit là la frilosité des dirigeants bourgeois, ils ont peur pour leur propre existence, et ils font semblant de croire encore que le verdissement du capitalisme leur permettra de se succéder à eux-mêmes. 

 

Les gilets jaunes sont parvenus à revenir sur les Champs Elysées 

C’était en même temps la journée du patrimoine. Celle-ci a été très perturbée par les gilets jaunes, notamment à Toulouse où le Capitole a dû être fermé et le maire, un LR Macron-compatible, s’est planqué[10]. Dans l’Yonne ou l’APA – Assemblée Populaire d’Auxerre – se dépense sans compter, les gilets jaunes ont récupéré quelques ronds-points[11]. Il y avait encore ce samedi une manifestation contre la loi que Macron prépare pour massacrer les retraites. Elle était organisée par FO. Ce fut un grand succès. Il y avait peut-être 20 000 personnes[12]. La CGT qui est en train de devenir comme la CFDT n’y a pas participé, elle fait sa propre manifestation mardi prochain. Un collectif de 5 syndicats a lancé une grève illimitée au début décembre de cette année pour défendre le système de retraite de la RATP. La CGT a refusé de s’y associer préférant jouer la division syndicale[13]. Ce syndicat naguère combattif est en train de devenir peu à peu un syndicat jaune sous la houlette de Martinez qui pour diviser se révèle très fort. Mais on sait qu’il y a des tensions profondes entre la direction parisienne et de nombreuses sections départementales, notamment avec celle des Bouches du Rhône. En effet comment penser que dans un contexte aussi bouillonnant que celui d’aujourd’hui le syndicat n’arrive pas à mobiliser sur aucun sujet. Martinez s’était déjà fait remarquer en novembre 2018 en essayant de casser le mouvement des gilets jaunes, les désignant comme des fascistes, des petites mains du Rassemblement National. On pouvait penser que c’était là une erreur d’analyse et également une volonté de conserver son public captif. Mais c’est peut-être beaucoup plus grave que ça. Il pourrait s’agir d’une connivence ou d’un pacte de la haute bureaucratie syndicale avec Macron. Dans ce cas cela veut dire qu’il va y avoir à moyen terme, soit une éviction de Martinez, soit une scission au sein de ce vieux syndicat. Nous rencontrons beaucoup de militants de cette boutique qui sont très remontés contre lui, considérant qu’il fait tout pour saboter les mouvements sociaux.

  

Une foule compacte manifestait pour le climat mais aussi contre Macron 

A Vienne, il y avait une manifestation des gilets jaunes, comme dans d’autres villes de France. La particularité de cette manifestation est que le maire Thierry Kovacs qui est pourtant LR, avait prêté un portrait de Macron aux manifestants pour qu’ils le tiennent à la renverse. Ça n’a pas plus à la députée macronienne locale qui considère que c’est contraire aux lois de la République que de traiter le président-fou comme une figure de Carnaval[14]. Le maire s’est justifié en disant qu’en France on devait bien avoir le droit de manifester. Cela s’inscrit dans une forme de rébellion des maires face à Macron qui les emmerde. On l’a vu déjà les arrêtés anti-pesticides, mais ils ont été aussi plusieurs à décrocher ses portraits. Il se pourrait que ce soit là une forme de contre-pouvoir communal qui se dessine. Il est vrai que les maires des petites et moyennes communes apparaissent comme plus près des citoyens que les autres élus.

  

FO avait organisé aussi une manifestation contre la réforme des retraites 

Au total ce sont des milliers d’opposants à Macron qui ont défilé, au moins 60 000 à Paris, et probablement en tout au moins 100 000 dans toute la France. On dira que ce ne sont pas tous des gilets jaunes, c’est exact, mais ce sont tous des opposants à Macron. La seule différence c’est que les gilets jaunes ne font pas de détail et ne se replient pas sur une ou deux revendications corporatistes, ils manifestent pour le climat, pour les retraites, pour la démocratie et avant tout ils demandent avec constance la démission de Macron. Ils sont là encore pour longtemps à faire le lien entre les différentes raisons de se battre. Ce samedi 21 septembre c’était encore un peu l’été, jusqu’à lundi. Ce fut une excellente journée de mobilisation qui signale que les Français ne sont pas démobilisés comme aurait bien voulu le croire le gouvernement. Bien au contraire, ils sont très remontés, mais de nombreux combats les attendent encore, Macron a de la patience et tous les instruments de coercition à sa disposition. Il nous faut être encore plus patients que lui et ne pas se démobiliser. Deux questions importantes doivent nous motiver, la question des retraites, et celle de la privatisation d’ADP. La lutte pour le climat est un objectif à plus long terme parce que là il faudra changer l’ensemble du système.

  

A Vienne les gilets jaunes ont manifesté avec un portrait de Macron prêté par le maire

 

Tard dans la soirée ils étaient encore plusieurs centaines à manifester place de la Bastille, gilets jaunes et marcheurs pour le climat confondus



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