La militante écologique va prononcer un discours mardi devant les députés de l'Assemblée nationale. Depuis quelques mois, ses prises de parole se multiplient. Voici Greta Thunberg dans le texte.

Greta Thunberg a reçu le Prix Liberté à Caen, mardi elle sera à Paris pour donner un discours à l'Assemblée nationaleGreta Thunberg a reçu le Prix Liberté à Caen, mardi elle sera à Paris pour donner un discours à l'Assemblée nationale © AFP / Artur Widak / NurPhoto

Greta Thunberg va s'adresser aux députés français mardi 23 juillet. L'échange avec les parlementaires se déroulera dans la salle Victor Hugo, située au sous-sol du bâtiment, entre midi et 13 h 45. Voici ce que la jeune Suédoise de 16 ans a dit dans le passé sur les dirigeants français, les "gilets jaunes", les hommes politiques, le capitalisme, les idéologies, Donald Trump... 

Emmanuel Macron n'a pas "réalisé l'urgence de la situation"

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Greta Thunberg a rencontré une journaliste de Libération le 15 juillet dernier. Lorsque qu'elle lui demande si pour elle, le Président français a intégré l'urgence de la crise environnement, elle répond qu'Emmanuel Macron ne lui en "a pas donné l’impression quand il parlait" : "Aucun politique que j’ai pu rencontrer ne semblait avoir réalisé l’urgence de la situation. Ce n’est pas de leur faute. On ne peut pas reprocher cela aux individus. C’est le système qui est problématique. Bien sûr, il y a quelques personnes qui peuvent être tenues pour responsables et qui ont causé beaucoup de dégâts".

Dans une interview pour Konbini, la militante se souvient de sa rencontre avec Emmanuel Macron en février dernier, "il a dit qu’il fallait continuer et qu’il allait accélérer les initiatives. C’est ce que tout le monde dit. J’espère qu’il est sincère mais le temps passe et ce n’est pas l’impression que ça donne.[...]On ne peut pas l’accuser de tout. Mais sa responsabilité est énorme.

Dans une interview pour Brut, elle disait déjà : "Cher Monsieur Macron, vous devez agir maintenant et pas simplement dire que vous allez agir. Si vous continuez à faire comme si de rien n'était, vous allez échouer. Et si vous échouez, vous allez être perçu comme l'un des pires méchants de l'histoire de l'humanité".

Sur la "France" : "45,9° en juin, ce n'est que le début" 

Alors que Greta Thunberg va prononcer son discours à l'Assemblée nationale en pleine semaine de canicule, elle déclarait déjà en juin, lors de la précédente canicule, dans un tweet, "45,9° en juin en France. L'ancien record de 44,1° a été dépassé (qui avait été établi en août 2003). Ce n'est pas "la nouvelle norme". Ce n'est que le début du #ClimateBreakdown et #ClimateEmergency. Nous devons arrêter de brûler des combustibles fossiles."

Sur les "gilets jaunes" : "c'est normal que nous soyons en colère"

Dans une interview pour le journal Ouest-France, la militante parle des gilets jaune et explique qu'il faut "aider les pauvres, ce sont les riches qui consomment et menacent notre existence. Nous, les enfants, allons vivre avec le bazar que les générations précédentes ont créé. C'est normal que nous soyons en colère."

Donald Trump peut-être "un des pires méchants de l'humanité"

Toujours dans une interview pour Brut, Greta Thunberg lance un message clair au Président américain Donald Trump, "Cher Monsieur Trump, beaucoup de gens ont essayé de vous convaincre que la crise climatique actuelle est la plus grande crise à laquelle l'humanité a été confrontée. Pourtant, cela ne semble pas vous alarmer. Je pense que vous devriez savoir que si vous n'agissez pas maintenant, vous serez considéré comme l'un des pires méchants de l'histoire de l'humanité".

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Sur l'Union Européenne : "il ne se passe rien"

Devant les membres du Parlement européen, Greta Thunberg va mettre en cause le manque d'action de Bruxelles sur les questions climatiques. "Si notre maison était en train de s'effondrer, vous ne tiendriez pas trois sommets d'urgence pour le Brexit et aucun sommet d'urgence concernant la crise écologique. Eh bien… notre maison est en train de s'effondrer et nous manquons de temps. Et pourtant, il ne se passe rien."

Elle va conclure son discours en implorant les eurodéputés : "Je vous demande de vous réveiller et de faire les changements nécessaires. Faire de votre mieux n'est plus suffisant. [...] Ce n'est pas grave si vous refusez de m'écouter. Je suis, après tout, juste une enfant suédoise de 16 ans. Mais vous ne pouvez pas ignorer les scientifiques ou la science, ni les millions d’enfants en grève qui se battent pour avoir le droit à un avenir. Je vous en prie, s'il vous plaît ne nous abandonnez pas."

Les hommes politiques "savent qu’ils n’ont pas fait leur devoir"

Greta Thunberg est beaucoup attaquée par des personnalités politiques à travers le monde, mais ne se laisse pas démonter : "Nous savons que la plupart des politiciens ne veulent pas nous parler. Très Bien. Nous ne voulons pas leur parler non plus. Nous voulons plutôt qu’ils parlent aux scientifiques" dit-elle pendant son discours à la Session plénière du Comité économique et social européen.

En Autriche, au Austrian World Summit, en mai dernier, la militante déclare que "Pendant une seconde, les politiciens disent 'le dérèglement climatique c'est très important et nous allons tout faire pour l’arrêter'. Et la seconde suivante, ils veulent étendre les aéroports, créer de nouveaux moteurs. Ils prennent l'avion en jet privés pour assister à une réunion à l'autre bout du monde. Ce n'est pas comme ça que l'on agit en situation de crise. Tant que vous agirez comme si tout allait bien et que tout était sous contrôle, alors nous, les citoyens, nous ne comprendrons pas qu'il y a urgence".

Les pays riches et les pays pauvres

Les efforts doivent être faits par tout le monde, rappelle la suédoise pendant la conférence TEDxStockholm en novembre 2018. "Comment pouvons-nous attendre de pays comme l'Inde ou le Nigéria qu'ils se préoccupent de la crise climatique si nous, qui avons déjà tout, ne nous en préoccupons pas, même une seconde, de nos engagements vis-à-vis de l'Accord de Paris ?". 

"Les pays riches doivent cesser complètement leurs émissions d’ici six à douze ans […] pour que les habitants des pays pauvres puissent augmenter leur niveau de vie", affirme-t-elle devant les députés du Parlement britannique le 23 mai 2019.

"Toutes les idéologies ont échoué" jusqu'à présent 

David Lammy, député britannique, demande à la militante, dans une interview pour le journal britannique The Guardian, si l'on peut être conservateur pour la croissance et le capitalisme tout en soutenant le mouvement pour le climat et les questions écologique. La jeune femme répond : "Ce n'est pas à moi de le dire. Je ne fais que communiquer les faits scientifiques. On ne peut pas répondre à cette question sans parler de nos opinions personnelles et je laisse cela à d'autres personnes. Je pense que nous pouvons affirmer que toutes les idéologies ont échoué. Si certaines ont échoué plus que d'autres, ce n'est pas à moi de le dire."

Dans l'interview, Konbini lui parle des accusations à son encontre. Certains lui reprochent d'être manipulée par le Capitalisme vert, Greta Thunberg se défend : "Non il n’y a personne derrière ce que je dis, il n’y a que moi. Bien entendu, je reçois beaucoup d’aide. Tous ceux qui s’accordent à dire que la crise climatique est un sujet important m’offrent leur aide. C’est triste. Les gens sont désespérés et ils inventent des choses. Ils ont plus peur de moi et des manifestations de jeunes que du vrai problème".

Fin mai, Greta Thunberg a prononcé un discours lors de la cérémonie d'ouverture du Sommet mondial autrichien R20 Regions of Climate Action à Vienne, en Autriche.Fin mai, Greta Thunberg a prononcé un discours lors de la cérémonie d'ouverture du Sommet mondial autrichien R20 Regions of Climate Action à Vienne, en Autriche. © AFP / APA/ Georg HOCHMUTH

La COP25, "c’est maintenant que tout doit se passer"

Dans son interview pour Libération, Greta Thunberg déclare : "Beaucoup de gens me disent que la COP25, organisée au Chili en décembre, n’a pas d’intérêt, car c’est une année intermédiaire dans le processus onusien, qu’il faut se concentrer sur la COP 26 en 2020 [organisée au Royaume-Uni, ndlr]. Mais aucune année n’est une année intermédiaire. C’est maintenant que tout doit se passer. Nous devons saisir toutes les opportunités." 

Les médias "n'en font pas assez"

Pour Greta Thunberg, le monde politique et le monde industriel ne sont pas les seuls coupables. Elle critique aussi le manque de couverture médiatique sur la crise environnementale. Pendant une manifestation à Berlin le 19 juillet elle déclare : "Ce ne sont pas nous qui n'en faisons pas assez, ce sont le gouvernement, le monde économique et les médias qui n'en font pas assez". Dans son discours au Parlement européen, elle va dire que "la crise climatique et écologique devrait faire la Une des journaux". 

Certaines "critiques" à son encontre l'énervent  

Pendant une rencontre entre le quotidien The Guardian, Alexandria Ocasio Cortez, jeune élue démocrate de la Chambre des représentants américaine et Greta Thunberg, la Suédoise va parler de nombreuses attaques de ses opposants. "La critique la plus courante c'est que je suis manipulée et qu'on ne devrait pas utiliser des enfants à des fins politiques, que c’est un abus, et que je ne peux pas penser par moi-même, etc. Ça m’énerve énormément ! Je peux, moi aussi, avoir mon mot à dire. Pourquoi ne pourrais-je pas me faire ma propre opinion et essayer de changer l’esprit des gens ?"

Sur son "avenir" : "La politique ne m’intéresse pas beaucoup".

Quand on lui demande, dans l'interview dans le Guardian, ce qu'elle envisage de faire dans le futur, l'adolescente va alors répondre : "Je pense que j'aimerais travailler là où je me sens le plus utile. J'adorerais étudier la science mais les faits scientifiques sur le réchauffement climatiques sont déjà là. Nous devons maintenant parler de ces faits et ensuite prendre des mesures politiques. La politique d’aujourd’hui ne m’intéresse pas beaucoup. Tout est une question de concurrence, maintenant le contenu du message est moins important que la manière dont on le dit. Cela doit changer."