Leïla Khouiel était au tribunal administratif de Lille où l’on statuait sur la requête déposée par onze associations qui demandent que cessent les atteintes aux droits fondamentaux des exilés à Calais. Je ne t’en mets qu’un extrait mais je t’encourage vivement à lire in extenso son reportage qui fait honneur à la corporation des journalistes.

[…] La représentante de la préfecture n’hésite pas à employer les mêmes argumentaires que l’extrême-droite en opposant migrants et SDF français. « Les hébergements d’urgence ne sont pas réservés aux migrants, ils ne sont pas les seuls en difficulté sur le territoire français. L’État n’a pas vocation à héberger tous les migrants. Et pourquoi eux et pas les autres ? (…) À part les femmes enceintes et les mineurs, les migrants ne sont pas vulnérables », conclut-elle. Les bénévoles présents dans la salle sont dépités et ont du mal à croire ce qu’ils entendent.

La maire LR de Calais Natacha Bouchart, présente pour la première fois à une audience du tribunal administratif, surenchérit : « Les Calaisiens n’en peuvent plus de cette situation, ne dorment plus. Ils sont traumatisés par ce qu’ils ont vécu et l’idée qu’on puisse leur imposer des douches, c’est un traumatisme. Le problème, ce sont les organisations qui accompagnent les migrants pour leur faire faire n’importe quoi. Les distributions en centre ville, c’est une provocation et je crains que cela provoque des drames. (…) Ce phénomène à Calais ne peut pas se reproduire, car les mêmes causes reproduiraient les mêmes effets. » Un discours qui finit d’achever les associations. […]

Après cette tartine de caca administrée par nos institutions, on se lavera de toute cette boue avec les propos de Françoise Cotta recueillis par Louise Auvitu. On abandonne les idées des Nazis et de leurs amis pour plonger dans une humanité toute chaude. On oublie les anonymes masses menaçantes. Françoise rencontre des personnes de chair et de sang.

Si je fais ça, c’est simplement parce que je n’ai pas d’autre choix. Je ne suis pas une bonne sœur, je ne fais pas ça pour gagner mon paradis.

Je me souviens d’un soir de septembre où il faisait particulièrement froid. J’étais en voiture avec une amie quand j’ai croisé au bord de la route un groupe qui marchait, un homme, une femme et un jeune. L’homme portait un sac de pommes de terre. Je me suis arrêtée pour les prendre dans ma voiture. Dans le sac, il y avait une petite fille d’un an et demi.

Peut-être que certains préfèrent ne pas voir ? Moi, j’ai toujours vu les chiens perdus sur le bord de la route. Je me suis toujours arrêtée pour les ramasser. Alors, je vais bien m’arrêter pour des hommes et des femmes.

Je ne peux pas vous expliquer pourquoi je fais ça. Je vous répondrais simplement que ça ne se discute pas.

Tu n’as qu’un petit bout de cet entretien que tu iras lire car il en vaut la peine. Y’a des jours comme ça, où redevenir un être humain avec Maman Françoise, ça fait du bien à l’âme.