Une minute de silence


Le décès de l’ambassadeur de Russie à l’ONU, Vitali Tchourkine, laisse en peine ceux qui ont partagé son constant combat en défense du principe fondamental de non-ingérence dans les affaires d’un Etat souverain. Vitali Tchourkine aura marqué leur mémoire par son bras levé, mettant par six fois le veto à une intervention militaire des pays de l’OTAN en Syrie.

Vitali Tchourkine a pu compter par cinq fois sur l’opposition de la Chine aux textes proposés par les Occidentaux.

Par leurs doubles vetos Moscou et Pékin ont ainsi pu éviter à la Syrie le sort subi par la Libye.


L’ambassadeur de Russie à l’ONU Vitali Tchourkine vote contre l’adoption d’une résolution proposée par la France sur la Syrie le 22 juin 2014.REUTERS/Lucas Jackson


Vetos opposés par la Chine et la Russie entre 2011 et 2016 aux projets de résolutions onusiennes, fermant ainsi la voie aux sanctions et à des interventions militaires en Syrie.

Les vetos opposés aux projets de résolutions devant le Conseil de sécurité de l’Onu ont valu à Vitali Tchourkine de virulentes critiques de la part d’Etats occidentaux, de médias traditionnels, et d’ONG qui comme Amnesty International, poussaient à des sanctions devant ouvrir la voie à une intervention militaire en Syrie. Des résolutions contraignantes – proposées au Conseil de sécurité de l’ONU par la France, les Etats-Unis, le Royaume Uni – qui ont toutes été rejetées par la Russie et la Chine.

Au total, cinq résolutions sur la Syrie ont fait l’objet du double veto Chine et Russie

-En octobre 2011 Moscou et Pékin ont opposé un double veto au projet de résolution des pays occidentaux qui menaçait Damas de « mesures ciblées ».

-En février 2012 Moscou et Pékin, ont opposé un double veto à un nouveau projet de résolution au Conseil de sécurité.

-En juin 2014 Moscou et Pékin ont opposé un double veto à la résolution présentée par la France devant le Conseil de sécurité de l’ONU.

-En juillet 2012 Moscou et Pékin ont pour la quatrième fois opposé un double veto devant le Conseil de sécurité de l’ONU à une résolution menaçant l’Etat syrien.

-En octobre 2016, une nouvelle proposition française de résolution a été rejetée par le double veto de Moscou et Pékin.

-En décembre 2016, Moscou bloque pour la sixième fois une résolution sur la Syrie. Vitali Tchourkine avait alors qualifié le texte de la résolution, défendu par la diplomatie française, de n’avoir pas plus de valeur qu’un « coup de pub ».

Silvia Cattori | 21 février 2017


Avec la mort de Vitali Tchourkine, la Russie a perdu « l’un de ses plus brillants diplomates»
 
© Mikhail Voskresenskiy Source: Sputnik

Source: rt.com | 21 févr. 2017

La mort soudaine de Vitali Tchourkine, «l’un des plus brillants et des plus forts diplomates russes» est une grave perte pour le monde diplomatique. Le sénateur Alexeï Pouchkov partage avec RT ses souvenirs du grand diplomate. Pour l’ancien président de la commission des Affaires étrangères de la Douma, Alexeï Pouchkov, Vitali Tchourkine, l’envoyé spécial de la Russie à l’ONU qui est décédé «soudainement» à l’âge de 65 ans à New York le 20 février 2017 était «l’un des plus brillants et des plus forts diplomates russes» de notre époque.

Les qualités exceptionnelles et le professionnalisme du diplomate russe étaient reconnus non seulement par le pays tout entier qui «pouvait le voir», mais également par «tous ceux qui suivaient les débats au sein des Nations unies», a souligné le sénateur. Vitali Tchourkine «avait le respect non seulement de ceux qui soutiennent notre pays, mais également de nos adversaires», a-t-il poursuivi.

Issu de l’école diplomatique soviétique qui a préparé tous les responsables actuels du ministère des Affaires étrangères, Vitali Tchourkine «avait employé toute son expérience accumulée depuis des années, toute la force de son caractère, sa capacité de trouver des arguments précis et forts pour être efficace dans son domaine», a expliqué Alexeï Pouchkov.

Vitali Tchourkine était «à l’avant-garde du front diplomatique à New York», à une période extrêmement difficile de «nouvelle guerre froide», alors qu’il y avait des tentatives «d’organiser des coalitions politiques et d’isoler notre pays», a ajouté l’ancien journaliste, pour qui «les dernières années de travail à New York ont été une véritable prouesse diplomatique et chaque journée de travail en a apporté la preuve».

«Vitali Tchourkine était un diplomate d’une force extrême», a relevé l’élu, «fidèle à son devoir, à son pays, au chemin qu’il avait choisi». Il restera sans aucun doute «sur l’une des premières pages de l’histoire de la diplomatie russe», a conclu Alexeï Pouchkov.

Alexeï Pouchkov | 21 févr. 2017 | rt.com

Alexeï Pouchkov est un journaliste, politologue, historien et député russe, ancien président de la commission des Affaires étrangères de la Douma (chambre basse du Parlement russe), il siège aujourd’hui au Conseil de la Fédération (chambre haute).

«Le métier de diplomate est plus mouvementé» : passages inédits de l’interview de Tchourkine à RT

Deux semaines avant sa mort prématurée, Vitali Tchourkine avait donné une interview à RT qui se trouve être l’une de ses dernières. RT France a sélectionné des passages inédits de cet entretient avec l’un des diplomates russes les plus brillants.

«Le métier de diplomate est devenu plus mouvementé que jamais. Nous sommes stressés mais malheureusement, le monde n’est pas devenu plus stable qu’il l’était auparavant», avait confié l’ambassadeur russe auprès de l’ONU, Vitali Tchourkine, deux semaines avant son décès prématuré, au journaliste de RT Alexeï Iarochevski.

Lors de cette interview, réalisée le 7 février, le diplomate a évoqué plusieurs sujets internationaux avec lesquels les lecteurs de RT France ont déjà pu se familiariser sur notre site. Aujourd’hui, RT France vous présente des passages plus intimes de cet entretien, qui concernent ses souvenirs personnels et son sentiment sur les différents postes diplomatiques qu’il a occupés.

«Il vaut mieux être un bon diplomate qu’un mauvais acteur»

«Je ne regrette pas d’avoir choisi la carrière de diplomate. Je vous mentirais si je vous disais que ce métier est simple. Il y a vraiment des moments difficiles dans la vie d’un ambassadeur. Nous y survivons actuellement. Je voudrais bien que certaines choses aient changé et que nous n’ayons pas été témoins de certains événements qui ont eu lieu ces dernières années. Pourtant, nous sommes où nous sommes et nous avons besoin d’agir de manière cohérente et de continuer à vivre», avait souligné Vitali Tchourkine qui a occupé plusieurs postes tout au long de sa carrière.

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Source: http://arretsurinfo.ch/deces-de-vitali-tchourkine-le-bras-leve-qui-a-empeche-une-intervention-militaire-en-syrie