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ma revue de presse journalière
29 novembre 2016

TRES INTERESSANT :

histoireetsociete

dieu me pardonne c'est son métier…

 

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Ce que m’a appris Fidel, ce que m’ont enseigné les Cubains.

29Nov
Fidel Castro et Nelson Mandela

Ces vendus à la télé qui n’arrêtent pas de parler du leader maximo alors que jamais au grand jamais les Cubains n’ont employé un telle expression qui est une invention des impérialistes et des anticommunistes… Comment transformer ce lien complexe et si étonnant que Fidel avait avec le peuple cubain en une pitrerie, voilà toute l’alchimie dont sont capables nos médias. Ce genre de choses n’est pas réservé à Fidel et à Cuba même si ces gens n’ont jamais montré autant leur médiocrité qu’en s’acharnant sur une petite île qui a voulu rester debout face à la plus terrible des puissances à sa porte et qui a écrit une page de l’histoire de l’humanité.

Oui ces gens prétendent nous priver de ce qu’il y a de meilleur, nous le salir, pour nous désespérer et nous avilir. Parce qu’ils sont eux-mêmes brisés par un système de propagande qui les veut cynique et sans espoir, ils doivent nous enseigner leur propre débâcle. Ils se moqueront de nous qui refusons de nous mettre à genoux, ils nous traiteront de « staliniens », ils décriront notre allégeance aux « despotes », eux qui acceptent de plier sous tous les jougs… Alors faisons comme le Cubains apprenons à penser par nous-mêmes, payons le prix fort de notre liberté s’il le faut et n’attendons rien d’eux.

Car je sais au fond de moi que ce que m’a donné le communisme c’est cette capacité à ne pas céder à leur propagande, à exiger pourtant l’autocritique pour les miens, parce que notre idéal exige que nous ne soyons jamais corrompus par eux.Ce qui nous gouverne n’est pas la peur de l’ennemi mais celle de lui ressembler et donc de perdre la confiance des nôtres, d’être désavoués par les déshérités, les exploités, qu’ils se détournent en silence. .

Fidel est pour moi l’incarnation de cette exigence et des terribles difficultés d’être un communiste, un révolutionnaire. En tant que communiste, je suis faillible et je peux me tromper, mais je sais qu’avant de tromper les déshérités, les gens qui doivent me faire confiance, je me serai trompée moi-même et c’est pour cela que je dois beaucoup critiquer mes actions et celle de mes camarades, pour qu’ils aient toujours confiance en notre idéal et qu’ils ne le perdent pas en chemin.

Quand le monde a failli s’écrouler pour moi, quand on m’a raconté d’une manière mensongère que l’URSS s’était autodétruite et que pas un soviétique ne s’était levé pour la défendre, je les ai crus, mais grâce à Cuba, cette petite île dans laquelle j’ai atterri aux côté d’un révolutionnaire j’ai découvert que mon espérance était toujours vivace. Ils tenaient bon dans les pires conditions, les femmes surtout qui devaient déployer des trésors d’ingéniosité. A cette époque j’ai découvert dans mon journal  des articles immondes qui se moquaient des effets du cyclone Michel qui dévastait l’île, accablait un peu plus ses farouches résistants. Donc dans mon journal, alors que le cyclone dévastait l’île,  on donnait la parole au chanteur Lavilliers qui dénonçait « l’automne du patriarche » tandis que Fidel se portait au point le plus dangereux du cyclone pour préserver son peuple.

Dans le même journal alors que j’étais aux côtés de mes amies héroïques cubaines, une femme, un écrivain Régine Desforges ne cessait de parler des prostituées. C’était vrai qu’il arrivait d’Europe des masses de touristes, italiens, français à la recherche de gamines de 15 ans que l’on pouvait avoir pour un euro. Les femmes cubaines discutaient avec ces enfants qui avaient faim et il y avait mille manières de résister à la haine, à la corruption que nous représentions. Avec douleur, j’ai découvert que nous communistes français nous n’étions pas à la hauteur de la résistance cubaine… Et pourtant nous n’étions pas les pires, Régine Desforges croyait aimer les Cubains en décrivant la prostitution cubaine.

J’ai cru  découvrir notre faiblesse, pourquoi pas notre lâcheté, de communistes français  à travers ces dirigeants, mais je ne savais pas tout, j’étais trop rapide, trop superficielle. Je me souviendrai toujours de cette fête de l’Humanité où nous avions décidé Remi Herrera et moi de faire signer des pétitions de soutien à Cuba. Nous avons eu plus de deux mille signatures, nous les laissions dans les stands et malgré la condamnation des dirigeants, tous les militants de la fête répondaient présent, des petits drapeaux cubains fleurissaient dans les stands. Nous avons tourné pendant deux jours pour récolter les signatures. Le fête de l’Humanité avait répondu présent et les militants de mon parti étaient là. Il y a eu des sections entières qui ont organisé les débats autour de nos livres qui ne jouissaient pas d’autre publicité que la leur. Même si mon journal parrainait un dissident cubain, si les directions faisaient silence au meilleur des cas, les communistes étaient là.

Je protestais auprès des miens, je leur disais de soutenir Cuba, de ne pas écouter ceux qui se moquaient du leader maximo. Je me souviens encore de Henri Malberg secouant la tête et me disant « Danielle nous n’avons plus la force, dans six mois Cuba s’effondre et que ferons-nous alors devant cette nouvelle catastrophe? » Il me disait simplement notre faiblesse bien réelle et qu’il fallait durer pourtant…

Je n’écoutais personne, je me disais qu’alors j’irair à leur côté mourir avec mes camarades cubains un fusil à la main..

Mais eux ils voulaient vivre, non par égoïsme mais pour donner, donner, et mon ami m’a parlé de l’Afrique, des combattants qu’il avait dirigés pour aider à la libération sans rien ramener d’autre que les os de leurs soldats morts. Donner, donner avec les médecins qui allaient partout… On ne donne pas ce qu’on a en trop, où serait le mérite? On donne ce dont on a un urgent besoin… Des amis cubains se plaignaient parfois d’avoir tant donné et si peu reçu, mais Fidel savait à quel point la solidarité de l’humanité lui était acquise, tous les peuples dénonçaient l’embargo, même si la résolution de l’ONU n’était jamais appliquée. Cuba faisait la démonstration de son droit.

 

Tous mes rêves de mourir à leurs côtés, n’étaient heureusement que rêverie romantique, Cuba a survécu grâce à son peuple, grâce aux frères Castro. Tandis que Fidel était la flamme, Raoul forgeait le fer, son armée s’autofinançait, se portait partout où on avait besoin de cadres.

Grâce à eux je suis restée une communiste, un peu décalée par rapport à mon parti en France qui ne voulait plus m’écouter, publier ce que j’écrivais. J’ai alors compris comment on faisait taire dans ce monde-là celui qui ne se résignait pas et j’ai poursuivi dans le monde entier la relecture des événements. Grâce à Marianne et ses qualités de polyglotte, j’ai pu découvrir à quel point on m’avait volé mon histoire et que si les soviétiques avaient vu leurs révolte devant le retour du capitalisme étouffé, c’était parce que le parti qui aurait dû les organiser s’était donné au capitalisme. A l’inverse des Cubains ils n’avaient plus rien ni personne pour les armer. Ils étaient privés de leur force collective, leur parti et ses élites corrompus étaient au premier rang de la trahison, enfin une grosse partie des cadres.

Après avoir longuement réfléchi à tout ça j’ai tiré la leçon qu’un Révolutionnaire n’est jamais un leader maximo, mais qu’il tire sa force du collectif, de ceux qui demeurent à ses côtés, de leur organisation et je suis retournée au PCF malgré ma colère.

J’en suis là aujourd’hui. Parfois je me sens vieille, fatiguée et la tentation me vient d’abandonner, mais je ne suis rien d’autre que cette conviction. Et j’ai encore et toujours besoin de mon parti, de ses militants pour la défendre. Il n’y a qu’eux.

Danielle Bleitrach

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