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ma revue de presse journalière
4 octobre 2016

Très intéressant !!!

Sous le Rocher ... la plage ... et un syndicat se réclamant ouvertement de la lutte des classes!                                                                                    

Publié le   4 octobre 2016      par FSC                                                                                            

Monaco-Montecarlo tout le monde descend!

L'image médiatique de la romance : Le Rocher,  le casino et les jeux, la fable, les amours et les frasques princiers ...

Paris Match fait rêver dans les chaumières !

MAIS : de nombreux salariés (plus de 50.000) dans le commerce, la fonction publique, le tourisme, les hotels, les banques ...  mais aussi l'industrie concentrée au bas du Rocher, activité de production dissimulée -image touristique oblige?- sous les façades et dans les sous-sol d'immeubles anonymes et qui ne laissent rien deviner de leur véritable identité.

Et pour organiser la défense des intérêts de ce monde qui ne fait pas la une des médias, une organisation syndicale à la fois atypique, expression d'une histoire singulière et pourtant qui à une approche plus attentive révèle des traits qui nous sont familiers  : l'UNION DES SYNDICATS DE MONACO.

 

Une histoire singulière : L'USM, enfant de la Libération ...

 

Avant 1944, dans la Principauté, contrôle social oblige, le code pénal interdit les syndicats et déclare la grève illégale , sans pouvoir empêcher l'irruption de mouvements et de grèves dans l'hôtellerie et les industries comme dans la commune environnante de Beausoleil, notamment en 1936.

Les conquêtes sociales : réduction du temps de travail, congés payés ... obtenus de vive lutte par la classe ouvrière de France inspirent les revendications des travailleurs monégasques, solidarité de classe nouée en particulier autour des contacts avec l'union locale CGT de Beausoleil.

Durant la guerre le Palais princier et Louis II collaborent comme leur dictent leurs  intérêts de classe avec les fascistes italiens. La situation des salariés comme majoritairement de la population s'aggrave au profit de l'occupant, des privilégiés et du patronat local.

C'est la Libération le 3 septembre 1944, qui compte-tenu du rôle des organisations et des syndicats clandestins, bouleverse le paysage social : dès le 6 octobre 44 une Ordonnance-loi est promulguée autorisant la création des syndicats professionnels.

Pressés de se racheter une conduite et de se relégitimer le Gouvernement réquisitionne l'ancienne Casa italiana et l'affecte à la récente Union des Syndicats.

Et c'est sous la pression de cette puissante union regroupant à l'époque, 80 à 90% des travailleurs qu'est signé en novembre 1945 une Convention collective Générale Interprofessionnelle, véritable base d'un Code du travail.

tentatives récurrentes de retour en arrière :

Plusieurs grands mouvements et grèves générales vont marquer l'actualité sociale de l'état indépendant et souverain, car le gouvernement et le patronat discrédités par leur comportement sous l'occupation et contraints malgré eux de lâcher beaucoup de lest ne renonceront jamais à revenir sur les conquêtes issues de cette période : par exemple l'indemnité dite des 5% * arrachée par les salariés va faire l'objet de plusieurs tentatives de suppression qui en 1948 puis en 1951 vont être l'occasion de puissants mouvements sociaux contraignant les autorités au recul.

ET dès 1952 regaillardis par le climat de la guerre froide et les entreprises anti-communistes et anti-ouvrières, les forces réactionnaires feront passer en force une loi d'interdiction de la grève. Une vague de répression s'abattant sur les dirigeants et les militants, les salariés non-monégasques se voyant parallèlement refoulés.

Ce n'est que progressivement que les libertés d'association et de grève seront rétablies et il faudra attendre la presque sortie de crise entre l'état monégasque et le gouvernement français du début des années 60 pour voir le droit de grève consacré constitutionnellement en 1962.

Ce qui n'empêchera pas de nouvelles tentatives (1980) d'interdiction adossées au rôle des multinationales nouvellement implantées  et de leur management musclé.

les années 70-80 Les transformations majeures de l'économie monégasque :

Mutations économiques avec le développement des activités de service et le rôle des multinationales, élargissement des zones de recrutement (Italie mais aussi Afrique ...), précarisation du salariat, domination des salariés non-monégasques, diversification de la composition sociale des salariés, imprégnation de l'idéologie néo-libérale, méconnaissance de l'histoire syndicale ... toutes choses qui vont provoquer une transformation en profondeur des rapports sociaux.et déboucher sur une forme de crise du syndicalisme peinant à s'adapter à la nouvelle situation.

Echo local de la crise qui frappe le syndicalisme en Europe et dans le monde.

Des rapports organiques puis fraternels avec la CGT :

Au plan des structures l'USM est partie intégrante de la CGT de 1944 à 1978; et à partir de 1978 afin de prendre en compte les réalités économiques, sociales et politiques de Monaco un nouvel accord consacrera l'indépendance du syndicat.

Les relations fraternelles avec les unions locales des communes avoisinantes et l'union départementale des Alpes maritimes demeurant vivaces.

Le particularisme du mouvement social monégasque :

Ce qui le caractérise donc c'est le croisement entre la référence aux principes essentiels du syndicalisme français et de la CGT en particulier et d'autre part la prise en compte des spécificités monégasques en matière politique, économique et sociale.

L'aspiration à l'unité de classe comme facteur principal de l'efficacité revendicative face à un adversaire regroupé marque profondément le syndicalisme monégasque. Dans le respect de la diversité des forces engagées dans cette aventure collective.

Aspiration unitaire si forte qu'à l'heure actuelle encore malgré les tentatives du pouvoir et du patronat l'USM demeure la seule Fédération syndicale interprofessionnelle.

Une organisation bis a cependant été mise en place récemment sous le prétexte d'assumer un syndicalisme de service, comme si l'USM ne prenait pas en compte cet aspect de l'activité syndicale, en fait comme en France, pour tenter d'affaiblir le syndicalisme qui défend de manière conséquente et sans compromission les intérêts des travailleurs au profit d'un syndicalisme d'accompagnement de la crise comme le pratiquent les dirigeants de la CFDT.

Autres particularités de la situation monégasque :
  • seul le patronat paie des cotisations sociales depuis la Libération.
  • les médicaments sont remboursés à 80% et lorsque le gouvernement monégasque a voulu remettre en cause cet asquis en 1994, il en est résulté le plus puissant mouvement social que la principauté ait connu. Ce qui a dissuadé de persévérer dans cette funeste direction!
  • le gouvernement par ailleurs refuse de signer la Charte sociale de l'OIT

Visant à organiser les 52.000 salariés de la principauté dont 47.000 dans le secteur privé, s'adressant fréquemment aux 35.000 salariés qui chaque jour transitent dans l'immense gare perchée en haut du Rocher, l'union Syndicale de Monaco constitue de fait le seul véritable contre-pouvoir dans ce paradis des riches.

Détermination, forte  volonté unitaire, respect de la diversité des travailleurs et des militants, pratique démocratique cultivée **, l'ancrage historique du mouvement social dessinent les traits d'une fédération syndicale fière de son histoire mais qui a su renouveler et rajeunir ses dirigeants par une audacieuse politique de formation et une confiance affirmée dans le renouvellement des générations.

... Et nos frères pourtant

 

On l'a dit, une histoire singulière, des traits spécifiques ... et pourtant des traits familiers qui se rapportent à  la portée universelle du syndicalisme digne de ce nom : la défense intransigeante des travailleurs, le tissage patient du lien social dans des activités diversifiées, y compris de loisir qui construisent et consolident les solidarités, l'amitié ... la fraternité, la solidarité internationale. Un rajeunissement et un renouvellement des générations en assumant le passé historique, pour mieux coller aux enjeux de l'heure : un syndicalisme de classe quoi !

Longue vie donc à l'USM dont la vitalité et l'efficacité ne s'est pas démentie au cours de ces dernières décennies.

Ce qui légitime, malgré les difficultés reconnues et les erreurs, la confiance que l'organisation suscite auprès des salariés de Monaco, natifs ... ou en provenance de son environnement proche ... et lointain.

_____________________

*Indemnité de 5%

Le montant minimal des salaires, primes et indemnités de toute nature dus en application de la Loi 739 sur les salaires, est majoré d’une indemnité de 5%. Celle-ci est obligatoire et non soumise à cotisations sociales, lorsque les rémunérations sur lesquelles elle se calcule sont égales aux minima tels que définis par la Loi sur les salaires. Calculée sur des rémunérations supérieures à ces montants, cette prime perd son caractère obligatoire et doit être considérée comme un élément de rémunération à intégrer dans le salaire à déclarer.

**La fédération est dirigée par un comité fédéral de 41 membres, un Bureau de 11 militants et un secrétariat exécutif de 5 membres.

Les dirigeants sont élus tous les ans par le Comité fédéral , le mandat politique de direction étant distinct du statut de salarié auquel sont rattachés 4 permanents

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