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ma revue de presse journalière
16 septembre 2017

Ne laissons pas brader notre industrie !!!

LATECOERE : l'industrie bradée par la finance !                                                                                    

Publié le   16 septembre 2017                                                                                                                                                                                                           par FSC                                                                                            

 

SOURCE : Le site http:// http://syndicollectif.fr

 

Usine Latécoère en danger !

 

mardi 20 septembre 2016 par  Marsanay

Nous avons interrogé Florent COSTE délégué syndical et secrétaire adjoint du syndicat CGT Latécoère, sur la situation de l’entreprise. Une date importante pour la mobilisation le mercredi 21 septembre 11h30 devant le siège du groupe 135 rue de Périole

1-Bon nombre de toulousain e s connaissent Latécoère, l’usine est associée à l’épopée de l’aviation, l’aéropostale, Saint Exupéry…mais peux tu retracer l’évolution de l’entreprise ces dernières années en matière d’effectifs en particulier. Peux- tu expliquer également ce qui se fabrique chez Latécoère

Latécoère est le doyen de l’industrie aéronautique française et à son nom sont effectivement associés ceux de Saint-Exupery, Mermoz, Guillaumet et de quelques autres pionniers.
Fondé à Toulouse en 1917, Latécoère est devenu un groupe multinational produisant des éléments d’aérostructure (des portes surtout), des systèmes électriques, des outillages et des prestations d’ingénierie ; employant près de 5000 salariés dans le monde dont la moitié en France (à Toulouse surtout) ; réalisant plus de 700M€ de chiffre d’affaires (CA) avec tous les avionneurs dont il est le plus souvent « partenaire » de rang 1 (Airbus est son 1er client : 55% de son CA et 70% de son carnet de commandes).
Latécoère est donc par son histoire, son poids économique et ses savoir-faire un acteur important d’une filière stratégique.
L’évolution récente, disons au cours de ces 20 dernières années, de Latécoère a été marquée à la fois par une très forte croissance et par un très fort endettement. Dans cette période Latécoère est en effet passé du statut d’entreprise mono-établissement de 700/800 salariés et de sous-traitant « ordinaire » à celui de groupe multinational de 5000 salariés implanté dans 10 pays (surtout des pays pauvres) et de « partenaire » de rang 1 de tous les avionneurs (Airbus, Boeing, Embraer et les autres). Somme toute assez peu d’emplois ont été créés en France durant cette période car si les effectifs ont fortement progressé, cette progression s’est faite au gré des rachats de boîtes et, hormis celle de Gimont, aucune usine n’a été créée en France (les nouvelles usines ont été bâties en Tunisie, au Maroc, au Mexique et bientôt peut-être en Bulgarie).
Cette croissance s’est aussi faite au prix d’un endettement massif, c’est l’autre donnée majeure de Latécoère depuis 20 ans.

2- Latécoère est une entreprise viable, carnet de commande plein mais les propriétaires décident de vendre à un fond de pension américain qui veut dépecer l’entreprise pour gaver les actionnaires. Qui sont les propriétaires actuels de Latécoère ? Pourquoi décident-ils de vendre une entreprise rentable ?

 


Les fonds Apollo et Monarch ont déjà racheté Latécoère, c’était en septembre 2015. Ils ont commencé par racheter la moitié de sa dette au pool de banques créancières puis ont, avec l’indispensable complicité de la direction, transformé cette dette en capital devenant ainsi l’actionnaire majoritaire de Latécoère et le seul maître à bord.
Avant ce rachat, l’actionnariat de Latécoère était très dilué et il n’y avait aucun actionnaire de référence sinon les salariés qui, avec un peu plus de 10% du capital, étaient le 1er actionnaire du groupe.
C’est donc bien par le biais de la dette que les fonds ont pris le contrôle du groupe. Mais si Latécoère était endetté, c’est bien à ses donneurs d’ordre qu’il le devait. En effet, soucieux de protéger leur trésorerie, ceux-ci ont progressivement imposé à leurs « partenaires » un nouveau modèle économique, dit « Risk Sharing Partnership (RSP) », qui vise à transférer du donneur d’ordres vers le sous-traitant, c’est-à-dire du fort vers le faible, les coûts liés au développement des nouveaux avions. Ainsi, au gré des nombreux contrats en RSP remportés ces 20 dernières années, Latécoère a dû faire l’avance de montants importants qui ont creusé une dette importante (300 millions €). C’est donc grâce à Latécoère et à d’autres qu’Airbus a pu sortir des années 2000 riche d’une trésorerie de plus de 10 milliards € alors que les programmes lancés durant cette même décennie auraient dû au contraire assécher sa trésorerie.
Latécoère entre désormais dans une nouvelle phase où, après les années d’investissement et de consommation de cash, le groupe va percevoir le retour de ses investissements et produire du cash. Latécoère est donc effectivement une entreprise parfaitement viable et rentable et c’est précisément pour ça que les fonds ont jeté leur dévolu sur elle.

3-Comment réagissent les salariés de l’entreprise à une telle annonce en sachant que les salariés du département ont payé un lourd tribut aux fonds de pension américain à Molex et Freescale


Les salariés sont à la fois très intensément inquiets et, jusqu’à présent du moins (mais c’est en train de changer), résignés. Les raisons de cette résignation sont certainement diverses et anciennes mais il en est au moins 2 qui sont à souligner :
• l’effritement progressif de la situation économique de Latécoère, en lien avec son endettement, a préparé les esprits à ce PSE. Ainsi, quand l’annonce du PSE a été faite, le choc a certes été grand mais les salariés s’y attendaient néanmoins et ils ont eu tendance à voir les projets de la direction comme une inexorable fatalité.
• l’incapacité, pour l’instant (mais c’est en train de changer), des organisations syndicales (la mienne comprise malheureusement), à offrir des perspectives, des alternatives, des raisons de croire, des motifs et objets de lutte.

4- Vous avez mis en place un comité de défense de Latécoère peux tu nous expliquer ce qu’est ce comité, qui le compose et quelles tâches vous lui assignez ?
Ce comité n’a bien sûr pas vocation à se substituer au syndicat mais plutôt à l’épauler, à démultiplier ses forces. Il est encore naissant et son fonctionnement et sa composition restent établir. Mais il est clair qu’il ne sera utile qu’en tant qu’instrument de rassemblement et de mobilisation au service des salariés de Latécoère. Il aura à faire, selon un principe disons de subsidiarité, tout ce qu’il sera mieux placé pour faire que le syndicat.

5- Que va-t-il se passer dans les jours à venir ?
Mercredi 21 septembre nous organisons un grand rassemblement, à partir de 11h30 devant notre usine de Toulouse, siège du groupe (135 rue de Périole ) Au-delà de cette date j’ignore ce qu’il se passera mais le mot d’ordre est clairement à la lutte et à la mobilisation ; c’est dans ce sens qu’œuvreront à la fois le syndicat et le comité de défense.

6- Quelles forces syndicales sont présentes dans l’usine ; y a-t-il eu des conflits dans la dernière période ?
Il existe 3 organisations syndicales chez Latécoère SA, la maison mère du groupe Latécoère : la CGT, la CFE-CGC et FO. Depuis les élections de mars dernier, c’est la CGT qui est la 1ère organisation syndicale avec 36% de représentativité contre 32% pour chacun des 2 autres syndicats. Ces résultats ont été une petite surprise mais une grande joie pour nous car la CGT avait perdu toutes les élections chez Latécoère depuis 1982. Lors de ces dernières élections FO a beaucoup baissé, nous avons beaucoup progressé et la CFE-CGC s’est maintenue.
Il y a eu une grève en décembre 2015, la 1ère depuis plus de 40 ans ! Elle portait sur les salaires, a duré 5 jours pleins et consécutifs et a rassemblé environ 150 personnes (sur un effectif d’un bon millier). Cette grève n’a produit aucun résultat dans le sens où aucune de nos revendications n’a été satisfaite mais nous pensons qu’elle a fortement contribué à notre bon score lors des élections qui ont suivi. La CGT a été la seule organisation syndicale à accompagner cette grève et nous pensons que les salariés nous en ont été reconnaissants.

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