Mon engagement politique à moi, direct et très local lors de cette législative — même si le but final est bien d’élire une “représentation nationale” — vient d’un constat de type historique : j’ai la certitude, exprimée depuis la création de ce blog en 2005, que nous assistons à la fin d’un monde, à l’effondrement d’un système mondialisé, comme l’Histoire en connaît peu.

L’effondrement irréversible du modèle capitaliste occidental

Les cinq stades de l’effondrement d’une civilisation, tels que les décrit Dmitry Orlov, sont désormais trop engagés pour n’être point irréversibles :

  • l’effondrement financier est patent depuis 2008 ; le système bancaire et financier ne survit plus que grâce à des subterfuges artificiels comme l’injection massive de liquidités par les banques centrales (80 milliards d’euros par mois pour la seule BCE, sans la moindre contrepartie d’une création de richesses) ;  
  • l’effondrement économique tient à la disparition durable et sans doute définitive de ce qui justifiait le modèle économique capitaliste : la croissance ;  
  • les effondrements sociaux (précarisation galopante des classes sociales) et culturels (replis identitaires, religieux…) achèvent de détruire le tissu socialdes pays de l’empire occidental ;  
  • enfin, l’effondrement politique du modèle néolibéral bat son plein : les “invasions barbares” (terrorisme), la montée des extrêmes (i.e. des forces hors-système), la pulvérisation des structures politiques traditionnelles contraintes de se regrouper en coalitions de survie (cf. le phénomène En Marche), la dégénérescence des élus (phénomènes Berlusconi, Papandréou, puis Hollande, Trump, Macron…) ;
Le système se suffit à lui-même pour s’autodétruire

Les lecteurs de ce blog le savent : je ne crois guère qu’une solution politique soit suffisante pour passer sans encombre du vieux modèle agonisant au monde d’après :

  • d’abord, parce que le système se suffit à lui-même pour s’autodétruire, sans qu’il soit nécessaire qu’une intervention extérieure humaine vienne l’y aider ;  
  • ensuite, parce que l’expérience historique montre que l’humanité a toujours été incapable d’anticiper les catastrophes qui la menaçaient, mais qu’il fallait toujours attendre que ces catastrophes surviennent pour la forcer à réagir ;  
  • enfin, parce que tout système moribond a toujours mis en place les barrières destinées à annihiler toutes interventions contraires à ses intérêts,  fussent-elles, et même surtout, politiques.
Une réponse politique sans doute insuffisante… mais indispensable

Le problème de ces changements de civilisation, c’est que les vieux mondes s’écroulent toujours avant que les nouveaux soient clairement dessinés.  Et c’est là, paradoxalement, que réside toute l’importance, l’urgence d’un engagement politique, y compris et surtout au niveau local. Cet engagement s’explique par deux raisons :

  1. si ces législatives sont aussi indispensables que les présidentielles, c’est moins pour la possibilité immédiate de victoire (encore que si on gagne, on ne crachera pas non plus dessus), que pour y dessiner les jalons de ce que que pourra être le monde d’après : ce jalon, en l’occurrence, c’est la cohérence du programme l’Avenir en commun ;  
  2. un engagement politique relève aussi de considérations à la fois purement humaines, et en même temps carrément opportunistes : par les temps troublés qui courent, l’engagement politique permet de reconnaître les siens, c’est-à-dire ceux qui formeront ces minorités agissantes sans lesquelles aucune révolution (un changement de civilisation en est une majeure !) ne sera jamais ni possible, ni souhaitable.

Le motif d’un engagement politique me paraît donc couler de source : l’action démocratique qu’est un vote n’est en définitive qu’une arme parmi d’autres, insuffisante sans doute pour bouleverser le monde. Mais pour bouleverser le monde, et pour les deux raisons évoquées ci-dessus, nulle arme ne saurait être négligée, fût-elle de caractère politique et local, cqfd.