À tout seigneur (saigneur ?) tout honneur, Trump semble véritablement avoir appris l’art de la pirouette chez le sultan. Plutôt que d’enquêter sur de supposées relations avec le Kremlin, il faudrait vérifier si le Donald n’a pas fait un petit séjour du côté d’Ankara avant son élection… Quel tournis, mes aïeux ! Dans la continuité de ses déjà nombreuses trahisons de promesses électorales, le blond occupant de la Maison blanche nous a sorti deux as, pour le meilleur et pour le pire d’ailleurs.

Rappelez-vous, il s’était lâché pendant des mois contre l’Iran diabolique et le « désastreux » accord sur le nucléaire (« le plus mauvais jamais signé »). Et hop, je retourne ma veste. Dans une note au Congrès, la nouvelle administration a précisé que Téhéran respectait les clauses de l’accord et qu’un nouvel allègement des sanctions avait été décidé. C’est Bibi qui doit l’avoir mauvaise…

Moins encourageant, un ponte Républicain (Ryan pour ne pas le nommer) a déclaré que le TTIP, l’accord de libre-échange trans-atlantique, était « bon pour l’ordre mondial ». On imagine l’intense pression de la libéralo-démente Frau Milka et de la clique otanienne. Certes, Donaldinho n’a encore rien dit mais l’histoire récente de ses volte-faces ne plaide pas en sa faveur.

L’administration Trump semble être complètement à la rue, se berçant d’illusions puériles sur un fantasmé refroidissement sino-russe en Syrie — y croient-ils seulement ? Pire, la fameuse flotte aéronavale se dirigeant à toute vapeur vers la Corée du Nord n’est en réalité jamais partie :

« L‘“armada” américaine promise il y a dix jours en réponse à la menace de Pyongyang n’a pas commencé à naviguer vers la péninsule coréenne, elle est même partie dans la direction opposée, a reconnu mardi 19 avril un responsable américain de la Défense.

Selon ce responsable, les bateaux se trouvent toujours au large de la côte nord-ouest de l’Australie. Le groupe aéronaval comprend le porte-avions Carl Vinson, de la classe des porte-avions Nimitz, son escadron aérien, deux destroyers lanceurs de missiles et un croiseur lanceur de missiles. Une photo de la marine américaine prise ce week-end montre le porte-avions au large de l’île de Java.

Le 8 avril, un porte-parole du commandement américain dans le Pacifique avait pourtant annoncé que le porte-avions et sa flotte faisaient route vers la péninsule coréenne, par “mesure de précaution”. Donald Trump avait ensuite déclaré le 12 avril sur la chaîne Fox Business : “Nous sommes en train d’envoyer une armada. Très puissante”.

Plusieurs médias avaient alors affirmé qu’il faisait route vers la Corée du Nord depuis Singapour, alors qu’en fait il avançait dans la direction opposée. La flotte américaine a de fait participé ces derniers jours à des exercices militaires avec la marine australienne, selon le responsable américain. »

Avec le Donald, la croisière s’amuse et fait bien rire les observateurs. Grillé, le Pentagone se croit maintenant obligé d’envoyer, vraiment cette fois, la flotte mouiller en mer du Japon. Fake news, fausse armada, palinodies, bombardements factices, poudre aux yeux, grotesque opérations de com’… les États-Unis seraient-ils en train de devenir un fake country ?

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Ce n’est certes pas la CIA qui contredira la chose, elle qui crie régulièrement au piratage russo-chinois avec des trémolos dans la voix. Quand on veut noyer son chien, on l’accuse de la rage, c’est bien connu. En réalité, les récentes révélations sur la NSA montrent que les agences US ont allègrement piraté des sites russes et iraniens, notamment le site de la présidence à Téhéran ou celui du ministère russe de l’Énergie atomique. Comment dit-on l’hôpital qui se fout de la charité en Langley ?

Une qui, par contre, ne sourit point est Exxon, désespérée de faire lever les sanctions contre la Russie ou, du moins, de bénéficier d’une exemption. Nous avions déjà vu que les sanctions lui avaient coûté 1 milliards de $ en 2015. Aujourd’hui, elle risque de perdre au profit de l’italienne ENI tous ses droits d’exploration en mer Noire si elle ne commence pas des forages avant la fin de l’année.

L’ironie de l’histoire est que son ancien PDG est maintenant secrétaire d’État aux Affaires étrangères et qu’il s’est lancé dans de curieuses diatribes anti-russes depuis quelques semaines. Trahison vis-à-vis du lobby pétrolier américain ou, au contraire, volonté de donner des gages à l’État profond pour mieux adoucir les sanctions par la suite et aider Exxon ? Comédie et théâtre d’ombres, encore une fois…

La Russie, elle, regarde tout cela d’un oeil goguenard. Ce que nous prédisions il y a deux ans se réalise : les sanctions lui ont permis de diversifier son économie et ses sources de revenu. Ainsi, les hydrocarbures qui représentaient 50% des recettes de l’État sont tombés à 36%. Certes, la baisse des cours du pétrole et du gaz ont eu une influence mais pas seulement.

Et puisque l’on parle d’or noir, depuis quelques mois, la grande sitcom s’appelle Citgo. Cette compagnie pétrolière possédant oléoducs et raffineries aux États-Unis pourrait tomber dans l’escarcelle de… Rosneft ! Pour résumer l’imbroglio, Citgo est détenue par Petroleos de Venezuela qui devait rembourser un emprunt à Rosneft. Vu la situation au pays de Maduro, c’est pour le moins compromis et le géant russe a maintenant le droit légal de mettre la main sur la filiale américaine.

Inutile de dire que les sénateurs US sont paniqués, Rubio en tête : «  Nous sommes extrêmement inquiets du contrôle de Citgo par Rosneft qui pourrait représenter une grave menace pour la sécurité énergétique américaine et rendre vulnérables des infrastructures critiques de notre pays. »

Le grand cirque ne serait point complet sans ces fameux valets du système impérial que sont Porochenko et les inénarrables rebelles “modérés”. À Londres, le premier a affirmé sans rire que l’héroïque armée ukrainienne avait sauvé l’Europe d’une invasion de tanks russes. Question à un kopeck : y a-t-il encore quelqu’un dans la salle pour prendre au sérieux Poroclown ?

En Syrie, une nouvelle formation rebelle est apparue… sur le net. Elle déclare, tenez-vous bien, vouloir reprendre Hassaké, Raqqa, Deir ez-Zoor et Qamishli. C’est-à-dire mener la guerre à la fois contre les Kurdes, Daech et l’armée syrienne, rien que ça. Aux dernières nouvelles, les “rebelles” sont une vingtaine et représentent un énième aboiement du sultan pour sauver la face.

=> Source : Le Grand jeu